Article révisé par les pairs
Résumé : | Cet article traite de la participation des associations promues par des personnes d’origine étrangère dans les processus d’élaboration des Contrats de quartier – une politique socio-urbaine bruxelloise. La participation politique des personnes d’origine étrangère est un indicateur important d’analyse de leur intégration dans la société d’accueil, ainsi qu’un indice du degré d’ouverture des élites politiques à l’égard des minorités ethniques. Or la participation électorale et l’engagement en politique ne constituent pas les seules formes de participation politique. En effet, la participation politique consiste également en l’implication dans les associations et les activités locales. Avec la restructuration de l’intervention de l’État et la diffusion de la culture associative, le rôle que les associations jouent dans l’élaboration des politiques publiques socio-urbaines est devenu une forme importante de participation politique. D’une part, l’élaboration d’une partie de ces politiques publiques repose sur des mécanismes et des procédures consultatives et participatives, afin d’inciter de nombreux acteurs et les publics cibles de ces politiques publiques à prendre part à leur élaboration. D’autre part, les quartiers ciblés par ces politiques concentrent un pourcentage important de personnes défavorisées, mais aussi de personnes issues de l’immigration. Bruxelles est la ville qui concentre le pourcentage le plus élevé de personnes d’origine étrangère en Belgique. En outre, elle est qualifiée de multiculturelle par son gouvernement. À cet égard, Bruxelles constitue une étude de cas intéressante. Depuis le début des années 1990, de nouvelles politiques socio-urbaines fondées sur des outils de participation ont été introduites. Toutefois, les associations représentant les immigrants sont peu présentes dans ce type de politiques publiques. Dans cet article, j’ai mis au jour les facteurs explicatifs d’une telle situation, en me fondant sur une perspective néo-institutionnaliste. D’un côté, l’impact de la participation des associations en général s’avère limité, en raison d’une profonde méfiance du personnel politique communal à l’égard des instruments de la démocratie locale. De l’autre, la participation des personnes d’origine étrangère est limitée par des contraintes politiques, et l’absence d’opportunités politiques, ce qui révèle la force du paradigme d’intégration d’inspiration française en vigueur dans les politiques de gestion de l’immigration et de la diversité culturelle. En conséquence, cet article montre la manière dont l’environnement social et politique façonne les comportements, attitudes et engagement politique des organisations promues par des immigrants. Il prend comme point de départ les processus d’élaboration des Contrats de quartier dans les quartiers Anneessens et Cureghem. Situés dans des communes différentes, Cureghem et Anneessens sont deux quartiers centraux de la région bruxelloise qui concentrent des populations d’origine étrangère et de nombreuses associations créées par des personnes d’origine étrangère Ces deux études de cas illustrent comment les mécanismes de participation traitent les immigrants. Les données utilisées relèvent d’entretiens semi-directifs centrés sur la nécessité d’inclure les associations impulsées par des immigrants au moyen des représentants de ces associations, des fonctionnaires communaux et locaux, ainsi que des politiciens engagés dans la construction de ces politiques publiques et les procès-verbaux des procédures participatives. J’ai également effectué des observations dans ces espaces participatifs et consultatifs. |