par Perbal, Laurence
Référence Congrès de la SHESVIE (26/03/2010: Université de Strasbourg, France)
Publication Non publié, 2010-03-26
Communication à un colloque
Résumé : Dans cet exposé, il s’agira d’investiguer les rapports entre génétique des comportements et génétique médicale. Nous souhaiterions développer l’idée qu’au cours de l’histoire de la génétique humaine, la génétique médicale a souvent assuré une respectabilité disciplinaire générale que l’étude génétique des comportements humains mettait à mal. En effet, si cette dernière est régulièrement porteuse de polémiques, l’étude des maladies est davantage considérée comme scientifiquement respectable et moins influencée par les idéologies. De fait, l’histoire de la génétique humaine est notamment marquée par ses liens étroits avec l’idéologie eugéniste au début du 20ème siècle. Avant 1930, à l’époque de gloire de l’eugénisme, la génétique des comportements est particulièrement bien développée, surtout aux Etats-Unis. L’intelligence, la moralité et la criminalité sont des traits comportementaux étudiés. Par la suite, lorsque les opposants au mouvement eugénique commencèrent à se faire entendre, la génétique humaine a vécu une période de développement lent car elle évoquait les préjugés et suscitait la méfiance. C’est le développement de la génétique médicale en Angleterre qui a permis de montrer que la génétique humaine pouvait exister indépendamment de l’eugénisme. Pour exemple, nous nous attarderons sur les études menées sur l’imbécillité (feeblemindedness) car elles sont au cœur de la politique alarmiste eugénique eu début du 20ème siècle. Les travaux de Lionel Penrose dans les années 1930 sont à cet égard particulièrement importants car ils ont initié une nouvelle façon de pratiquer la génétique des traits complexes, nettoyée des préjugés et plus rigoureuse scientifiquement. Est-ce un hasard si les généticiens anglais se sont montrés plus circonspects que leurs collègues américains ? Nous ne le pensons pas et nous tenterons d’expliquer pourquoi.