Résumé : Les pesticides sont couramment utilisés à l’échelle mondiale comme levier agronomique, notamment pour lutter contre les vecteurs de maladies et accroître les rendements agricoles. Toutefois, les risques qu’ils représentent pour la santé humaine et l’environnement suscitent aujourd’hui un débat public croissant. Ce mémoire vise à attirer l’attention sur la contamination généralisée des sols par de multiples résidus de pesticides, ainsi que sur leur présence occasionnelle dans les grains de céréales qui en proviennent. Un des objectifs de ce travail est d’évaluer l’influence des pratiques agricoles et de l’utilisation de pesticides sur les sols et dans les grains. Dans le cadre du projet FAB4Farming, des résidus de pesticides ont été quantifiés dans les sols de 23 sites agricoles en Hesbaye occidentale (Wallonie), dont 8 disposent également de données pour les grains. Sur les 42 substances actives (SA) analysées, 4 n'ont été détectées dans aucune matrice. Tous les échantillons de sol contiennent des résidus, contre 7 sur 8 pour les grains. Les sols issus de l’agriculture biologique (ABC, BIO) contiennent en moyenne 20 SA et une concentration de 24,83 µg/kg, contre 28 SA et 106,74 µg/kg pour les systèmes non biologiques (CST, CVL). Le grain montre des concentrations plus faibles et peu contrastées entre systèmes agricoles, avec 3 SA (1,16 µg/kg) en culture biologique et 4 SA (1,26 µg/kg) en conventionnel.La méthode d’extraction QuEChERS, suivie d’un clean-up, a permis une extraction précise et fiable à faibles concentrations. Les herbicides dominent les sols, ce qui s’explique par leurs caractéristiques physico-chimiques (Kow élevé), favorisant leur rétention dans le sol. Ils sont suivis par les fongicides, leur persistance est confirmée par des DT90 allant jusqu’à plus de 1 000 jours pour plusieurs molécules (Bixafen et Epoxiconazole). La présence de résidus de pesticides dans des parcelles biologiques est expliquée par la dérive, les usages antérieurs ou encore le transfert par l’air et l’eau. Des molécules interdites (ex. Epoxiconazole, retiré depuis 2020) ont également été détectées, y compris en contexte de cultures biologiques, ce qui souligne la vulnérabilité de ces systèmes.Dans les grains, les fongicides dans les grains sont plus fréquents que les herbicides ou insecticides. Aucun dépassement des limites maximales de résidus (MRL) n’a été observé. Les analyses statistiques montrent que la proportion de surfaces en agriculture biologique autour des parcelles est négativement associée à la charge totale en pesticides dans le sol, tandis que la pression en pesticides dans les cultures environnantes est positivement corrélée à cette charge. Ces résultats suggèrent une influence directe du paysage agricole sur la contamination diffuse des sols.Enfin, ce travail rappelle la fragilité des systèmes biologiques, qui, malgré l’absence d’usage direct de pesticides de synthèse, peuvent être contaminés par les pratiques phytosanitaires des parcelles voisines.