Résumé : Les récifs coralliens, couvrant seulement 1% des océans, abritent 30% de la biodiversité marinemondiale. Leur complexité en fait des écosystèmes uniques. Le Grand Récif de Tuléar (GRT)est l’un des plus grands récifs-barrière du monde: il mesure 19 km de long, entre 1,5 et 4 km delarge et est situé au sud-ouest de Madagascar. Tout comme la grande majorité des autres récifscoralliens du monde, le GRT est soumis à de fortes pressions anthropiques et naturelles menantà des changements écologiques d’une intensité sans précédent au cours des dernières décennies:la surpêche, la sédimentation, les cyclones, l’augmentation de la température et l’acidificationdes océans, le tourisme et les catastrophes naturelles fragilisent particulièrement cesécosystèmes. Le GRT a déjà fait l’objet de plusieurs recherches mais il manque des étudesinvestiguant la biodiversité de manière complète et objective.Le but de ce mémoire est tout d’abord d’établir un inventaire de la biodiversité macrobenthiquedu GRT, entre 0 et 30 mètres de profondeur. Ensuite, l’objectif est de réaliser un suivi du récifdans le temps en comparant nos résultats à ceux relevés lors d’une étude réalisée en2017. Troisièmement, nous rechercherons s’il existe des facteurs environnementaux quifaçonnent la distribution de la biodiversité dans le GRT. Enfin, nous testerons s’il existe ungradient bathymétrique de diversité dans le GRT en complétant nos données par celles récoltéeslors d’une mission de terrain menée en mai 2023.Afin d’atteindre ces objectifs, les trois zones de la passe sud de l’étude de 2017 ont été ànouveau inventoriées. La récolte de données a été effectuée à l’aide d’une dropcam couplée àun senseur CTD. Cette méthode a permis de récolter des images des communautésmacrobenthiques qui peuplent le fond mais également des données environnementales desalinité́, profondeur, température sur toute la colonne d’eau. La bathymétrie du récif aégalement été tracée avec précision.Premièrement, l'étude a révélé l’existence d’un gradient bathymétrique (une zonation distinctedes communautés benthiques en fonction de la profondeur) au sein du GRT. Les résultatsmontrent une forte abondance d'organismes dans les couches supérieures du récif, en particulierentre 7 et 14 mètres, où les conditions sont plus favorables à leur développement. Au-delà de15 mètres, la richesse et l'abondance des organismes diminuent progressivement, notammenten raison de la baisse de l'intensité lumineuse. En profondeur, les communautés benthiques présentent une répartition plus homogène des espèces, probablement en raison de conditionsenvironnementales plus stables et de l'absence du stress induit par les variations de marée.Ensuite, en comparaison avec 2017, notre étude révèle que le récif a subi une dégradation avecune réduction des scléractiniaires et une prolifération accrue des algues, suggérant quel'écosystème est à un stade critique, proche d'un basculement vers un état dominé par les algues.Troisièmement, même si les données environnementales relevées n'ont pas permis de dégagerune tendance simple des facteurs qui modulent la biodiversité, elles ont néanmoins permis derecueillir des informations détaillées sur la température, la profondeur et la salinité pour lestrois stations de la zone, ainsi que de réaliser des courbes bathymétriques précises. Enfin, ladropcam a prouvé son efficacité pour l'exploration d’une zone étendue en temps réduit. Cettetechnique d'échantillonnage mériterait d’être couplée avec l'ajout d'une méthode plus préciseafin de permettre une identification plus fine des espèces, offrant ainsi des données plusdétaillées sur l'écologie et les caractéristiques des individus observés.