Résumé : Contexte : Les urgences médico-chirurgicales constituent un problème de santé publique de par le délai restreint de prise en charge qu’elles imposent et leur rapide capacité de dégradation. La survie des patients est ici dépendante d’une véritable coordination entre soignants, impliquant parfois des transferts inter hospitaliers (TIH). À Douala (Cameroun), la coordination entre soignants en matière TIH demeure problématique du fait d’obstacles d’ordres divers, notamment technologiques, financiers et organisationnels. Envisager dès lors des solutions numériques dans un tel contexte n’est-il pas opportun ?Objectif : L’objectif de cette étude était de déterminer, à travers une analyse SWOT, l’impact direct ou indirect de l’implémentation potentielle d’une plateforme numérique de coordination entre soignants sur la gestion opérationnelle des transferts de patients urgents.Méthode : Une approche mixte à orientation descriptive ciblant les médecins exerçant à Douala nous a permis de faire dans un premier temps un état des lieux de leur vécu actuel en matière de TIH. Des interviews semi-structurées ont par la suite été réalisées avec un échantillon de dix médecins obtenus par stratification de la population mère. Après une analyse inductive de ces entretiens, leur contenu a été soumis secondairement pour validation aux participants. Résultats : Au total, 104 médecins ont participé à cette enquête, d’âge moyen de 29 (3.5) ans, majoritairement des généralistes (54.8%). À l’analyse de leur vécu actuel en matière de TIH, 74 % des répondants estimaient qu’il n’existe pas de protocoles formels de coordination entre soignants en la matière ; 67.3% disaient référer des patients en méconnaissance des capacités d’accueil des centres receveurs et seul 9.6% estimaient recevoir un retour d’information de la part des spécialistes sur l’état du patient. Aussi, 51.9% se disent insatisfaits des moyens actuels de coordination avec des confrères, les principales difficultés rencontrées à cet effet étant une incapacité à établir le contact avec les médecins ou hôpitaux receveurs (75%) et une méconnaissance des capacités d’accueil de ces structures (55.8%). Les complications majeures rencontrées à la suite d’un retard ou d’un défaut de transfert sont une aggravation de l’état clinique du patient (61.5%) voire des décès de patients (44.2%). S’agissant du projet de plateforme numérique de coordination entre soignants en la matière, 99% des participants ont trouvé l’idée opportune. L’analyse SWOT des interviews révélait l’amélioration de la coordination et de la communication entre professionnels et l’optimisation de la prise en charge des patients comme forces principales. Comme faiblesses, le besoin de formation du personnel utilisateur, le manque de littératie informatique et le coût d’utilisation/maintenance de la plateforme sont pointés. S’agissant des opportunités, on note la réduction de certains coûts pour les patients et l’incitation à l’adoption des technologies numériques en santé telles que la télémédecine, tandis que le risque de piratage/ cybercriminalité des données, la résistance du personnel au changement et la mauvaise connectivité Internet ont été identifiées comme menaces. Enfin, les attentes et les besoins émis par les participants nous ont permis de proposer un modèle théorique de plateforme numérique réalisable dans le contexte.Conclusion : Les médecins rencontrent des difficultés en matière de TIH dans leur pratique. Une solution numérique à cet effet est opportune et pourrait impacter positivement la coordination entre soignants et participer indirectement à réduire la mortalité évitable associée aux TIH. Des recherches complémentaires à la suite de celle-ci sont vivement encouragées. Mots clés : SWOT ; plateforme numérique, coordination, médecins ; Douala.