Résumé : Les études phylogéographiques sur les espèces tempérées s'accordent à dire que leur distribution en Europe était plus fragmentée lors des dernières glaciations. Cependant, nous disposons de moins d'informations sur l'évolution des aires de distribution des espèces tolérantes au froid. Actuellement, ces espèces présentent une répartition très fragmentée au sein des systèmes montagneux ou aux plus hautes latitudes. La littérature propose deux grandes hypothèses pour décrire leurs répartitions : soit elles présentaient une aire de distribution étendue dans les basses plaines, soit elles se concentraient autour de la périphérie des massifs montagneux.L'espèce étudiée pour cette étude est une chrysomèle montagnarde tolérante au froid, Gonioctena quinquepunctata, présente dans quatre systèmes montagneux européens : les Alpes, les Vosges, le Massif Central et les Pyrénées. Trois hypothèses concernant l'évolution de son aire de distribution face aux changements climatiques du Quaternaire ont été proposées. Pour tester formellement ces hypothèses, des simulations de données de variation génétique basées sur des modèles de coalescence spatialement explicites (PhyloGeoSim) ont été réalisées. Ensuite, la meilleure hypothèse a été identifiée en comparant les données simulées aux données observées à l'aide d'une approche bayésienne approximative (ABC), impliquant le calcul de diverses statistiques.L'utilisation de modèles de coalescence spatialement explicites est une approche rarement utilisée en phylogéographie, et son utilité sera testée dans cette étude. Les résultats indiquent que, lors du dernier maximum glaciaire, Gonioctena quinquepunctata se trouvait dans différentes zones refuges isolées en périphérie des massifs montagneux. Une fois la période glaciaire passée, l'espèce aurait regagné les altitudes des systèmes montagneux.Ce résultat est ensuite comparé à d'autres études sur des organismes européens tolérants au froid, notamment d'autres espèces de chrysomèles. La majorité de ces études soutiennent une hypothèse décrivant une contraction des aires de distribution de ces espèces plutôt qu'une expansion.