Résumé : Une pièce essentielle du puzzle dans la compréhension des invasions biologiques réside dansla compréhension de l'histoire du processus d'invasion et des voies géographiques empruntéespar les différentes populations envahissantes (Estoup A et al., 2010).La présente étude a analysé le cas d’invasion de plantes du genre Cecropia devenuesinvasives en Afrique centrale. Pour ce faire, cette étude a mené à deux grandes analysesétudiées en parallèle. La première a pour but de déterminer les origines de plusieurspopulations invasives de Cecropia introduites en Afrique centrale. Les méthodes utiliséesreposent sur l'examen de l'ADN chloroplastique de populations invasives en Afrique centraleainsi que de populations provenant des aires d’origine de Cecropia en Amérique centrale etAmérique du Sud. La deuxième a pour but de reconstituer et décrire la dynamique d’invasiond’une population de Cecropia en République Démocratique du Congo. Cette recherchepermet une analyse de la structure locale de la population, principalement pour déterminer lesfacteurs évolutifs et écologiques favorisant la propagation de l’espèce invasive dans cetterégion. Les méthodes utilisées reposent sur l’examen de marqueurs génétiques microsatellitesd’une population invasive de Cecropia à Yangambi mis en comparaison avec une populationinvasive de Cecropia du Cameroun et une population de Cecropia de la Jamaïque, étudiéeslors d’une précédente étude.La première analyse a permis de montrer une relation plus étroite entre les séquenceschloroplastiques de Guinée équatoriale, Ghana, Sao Tomé, Cameroun, Côte d’Ivoire et de laJamaïque. Ces relations peuvent refléter la relation historique et évolutive entre cespopulations et permet d’avancer l’origine des populations de ces cinq pays d’Afrique. Deplus, des relations plus étroites entre les séquences chloroplastiques de RépubliqueDémocratique du Congo, du Burundi et de l’Amérique du Sud (Brésil, Guyane Française,Guyana) ont également été révélées.La seconde analyse a permis de conclure que la population de Yangambi provient d’uneorigine différente que celle du Cameroun et de la Jamaïque, rejetant l’hypothèse de l’unicitéde la source en Jamaïque. De plus, la variance allélique dans la population de Yangambi estplus importante. Ces analyses ont permis de confirmer l’hypothèse qu’un goulotd'étranglement a eu lieu dans la population de Yangambi.