Résumé : La composition des communautés d’ectomycorhizes (ECM) constitue l’un des paramètres-clefsdans le fonctionnement des écosystèmes forestiers, en particulier en régions tempérée et boréaleoù culmine la richesse mesurée de leurs communautés. Si le caractère multifonctionnel de cettesymbiose est à présent reconnu, depuis la nutrition minérale des arbres à la régulation des cyclesbiogéochimiques du carbone et des nutriments échangés (azote et phosphore, principalement),les déterminants de la structure de la diversité en ECM restent débattus. Or, le développementdes connaissances à ce sujet apparaît essentiel face au dépérissement forestier actuellementobservé en Europe et associé aux multiples dérèglements biogéochimiques d’origineanthropique. De plus, l’étude de la réponse de la diversité fonctionnelle en ECM (centrée à cejour sur l’étude de morphotypes exploratoires) à la variation environnementale s’avère être uncomplément indispensable pour élucider l’ampleur des répercussions de l’altération de ladiversité taxonomique sur le fonctionnement des forêts. Le présent mémoire s’est attelé àl’identification des déterminants (abiotiques, biotiques et neutres) de la structure de la diversité(taxonomique et fonctionnelle) en ECM associée à deux espèces-hôtes (Fagus sylvatica L. etPinus sylvestris L.) en région tempérée. Étant donné la dépendance des mécanismesd’assemblage à l’égard de l’échelle d’étude et les désaccords sur la répartition spatiale del’influence du sol, le plan d’échantillonnage a été imaginé dans le but d’étudier la structure decommunautés d’ECM distantes de quelques mètres à plusieurs centaines de kilomètres. Bienque nombreux en apparence, la majorité des prédicteurs abiotiques qui ont été identifiés peuventêtre interprétés dans un contexte d’eutrophisation et d’acidification des sols forestierseuropéens. Ils font écho au scénario de l’émergence d’une nouvelle limitation par le phosphorepour les forêts européennes et suggèrent également une importance croissante des ECM dansla mobilisation d’autres nutriments, notamment le potassium. En outre, l’absence de réponse dela diversité fonctionnelle à l’ensemble des variables ayant trait à la disponibilité en différentesformes minérales de l’azote indique un état avancé de transformation du paysage fonctionnel.Enfin, l’influence du sol n’a pu être confirmée qu’à large échelle. Plusieurs hypothèses sontproposées et discutées pour expliquer l’absence de détection d’un signal édaphique et spatialclair à fine échelle, aussi bien sur le plan statistique (capacités de détection limitées en raisonde gammes de variation trop étroites) qu’écologique (manque de distinction des communautésassociées aux différents horizons pédologiques de surface et/ou prédominance des processusbiotiques et neutres à très fine échelle).