Résumé : Contexte et objectif : Le Gabon, un pays d’Afrique centrale, est caractérisé par une biodiversité exceptionnelle, très bien conservée. Avec 89% de sa surface recouverte par de la forêt peu perturbée, le pays abrite environ 5000 espèces végétales dont 28% (1425) sont des espèces d’arbres. Cependant, cette flore est confrontée à des menaces grandissantes telles que l’urbanisation et le développement des concessions forestières, minières et agro-industrielles. Ainsi, 294 espèces d’arbres sont menacées d’extinction selon la Liste Rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature. Leur distribution au sein des aires protégées du pays n’a pas encore été étudiée et les zones les plus favorables pour leur conservation n’ont pas encore été identifiées. Aussi, le biais de l’effort d’échantillonnage botanique pour définir des stratégies de conservation reste peu connu pour ces espèces. Ainsi, cette étude vise à évaluer l’efficacité des aires protégées au Gabon pour la conservation des espèces d’arbres menacées, d’identifier les zones supplémentaires qui devraient être protégées en priorité pour assurer leur conservation et comprendre le rôle de l’effort d’échantillonnage botanique hétérogène dans les résultats.Méthodologie : A partir d’une base de données de 4002 occurrences de 205 espèces d’arbres menacées, nous avons évalué les zones prioritaires pour leur conservation à partir du logiciel de planification de la conservation Marxan en utilisant diverses données d’occupation du sol. Nous avons comparé ces résultats avec la distribution des grandes aires protégées du Gabon (Parcs Nationaux, Arboretum et Réserve Présidentielle) et de la carte de l’effort d’échantillonnage botanique du pays à l’aide d’un test du Chi2 et d’un test de point bisérial, respectivement. Dans un deuxième temps, nous avons réalisé 82 cartes de distribution potentielle à l’aide du logiciel Maxent pour 7 espèces CR et 75 espèces EN afin de tester à l’aide d’un test du Chi2 si les petites aires protégées (séries de de conservation) du pays protègent déjà une part importante de la population de ces espèces menacées.Résultats : Il n’y a pas de corrélation significative entre les zones prioritaires pour la conservation des espèces d’arbres menacées et les grandes aires protégées du pays. Il y a par contre une corrélation positive entre les zones très inventoriées botaniquement et les zones prioritaires de conservation identifiées. Si l’on considère la distribution potentielle des espèces CR et EN, cela montre que les petites aires protégées (séries de conservation) participent significativement à la conservation des espèces d’arbres menacées du Gabon.Conclusion : Si l’on ne considère pas la distribution potentielle des espèces, les résultats de l’analyse des zones prioritaires pour la conservation des espèces d’arbres menacées sont fortement biaisés par l’effort d’échantillonnage botanique hétérogène dans le pays. Nos résultats montrent néanmoins que le réseau actuel d’aires protégées au Gabon ne suffit a priori pas à protéger efficacement les espèces d’arbres menacées d’extinction. De nouvelles zones prioritaires à la conservation des espèces ont été identifiées, notamment la région frontalière sud-est du Gabon avec la République du Congo, le sud du Bas-Ogooué et la partie sud des Monts de Cristal.