Résumé : Contexte: la tomosynthèse ou mammographie 3D a été développée depuis une dizaine d’année dans le domaine de l’imagerie mammaire et permettrait, en comparaison à la mammographie numérique 2D, d’améliorer le taux de détection des cancers et réduire le taux de rappel pour les examens complémentaires. Au Luxembourg, la Direction de la santé s’est récemment prononcée en faveur de son introduction dans les centres d’imagerie médicale. Son intégration dans le programme de dépistage organisée du cancer du sein est également envisagée et il est évident que cela pourrait engendrer des défis et nécessiter des ajustements significatifs. Notre étude visait à identifier les défis potentiels liés à l’intégration de la tomosynthèse et les éléments qui pourraient influencer la volonté ou la disposition des praticiens à adhérer à ce projet.
Méthode : nous avons mené une étude transversale auprès des médecins généralistes, des gynécologues et des radiologues agréés au programme de dépistage. La collecte des données s’est effectuée au moyen d’un questionnaire auto-administré en ligne, préalablement élaboré et encodée sur la plateforme NG Survey, version 1.1.8. Au total 65 praticiens ont consenti à prendre part à cette étude et 69,2% disposaient des données complètes pour toutes les variables étudiées. Des analyses statistiques ont ensuite été effectuées pour étudier la relation entre certains facteurs (expérience professionnelle, niveau de connaissance, préoccupation, limites et avantages identifiés) et la disposition des praticiens à intégrer la tomosynthèse dans le programme de dépistage organisé du cancer du sein.
Résultats: les résultats de cette étude ont montré que 70,8% des praticiens étaient favorables à l’intégration de la tomosynthèse dans le dépistage organisé du cancer du sein au Luxembourg, tandis que 29,2% étaient indécis ou défavorables. La volonté d’adhésion des praticiens étaient signicativement associée à leur niveau de connaissance générale de la tomosynthèse (p-valeur= 0,040), ainsi qu’à leur perception des avantages liés à son intégration dans le programme. 63,1% des praticiens ont identifié le besoin en ressources supplémentaires et la nécessité d’une formation complémentaire comme des inconvénients. De même, 53,9% ont souligné les éventuelles exigences en terme d’infrastructures et d’aménagement immobiliers que cette intégration pourrait nécessiter, considérant cela comme une limite.Conclusion : L’un des défis potentiels serait de de renforcer l’adhésion des praticiens déjà favorables et à éclairer ceux qui sont indécis ou défavorables en raison d’un manque de connaissance au sujet de la tomosynthèse. Cela nécessiterait une communication stratégique de la part de la Direction de la santé mobilisée autour des éléments identifiés et pouvant constituer des freins à la mise en œuvre effective du projet.