Mémoire
Résumé : Les récifs coralliens sont des écosystèmes essentiels mais menacés, notamment par les anomaliesthermiques qui provoquent le blanchissement corallien. Les épisodes de blanchissementcorallien deviennent plus fréquents et ont des répercussions durables sur les communautésmarines. Les récifs coralliens mésophotiques (30-150), bien que non indemnes à toutes perturbations,peuvent constituer des refuges pour les coraux en cas de stress thermique. La créationde conservatoires coralliens mésophotiques, sous forme de pépinières, peut contribuer à préserverla biodiversité des récifs. Grâce à deux pépinières installées l’une à 13 m et l’autre à 30m, et contenant des fragments coralliens issues des mêmes génotypes, j’ai pu tester 3 hypothèses: (1) Les taux de survie des coraux à 13 et 30 m sont identiques ; (2) Pour l’ensembledes espèces la croissance des coraux à 30 m est plus faible que celle des coraux à 13 m; (4)Une photo-acclimatation des espèces à croissance rapide est observée à 30 m. Un suivi visuelhebdomadaire a été réalisé pour la mortalité, le poids immergé est mesuré à T0 et à T1 pourconnaitre le taux de croissance et des fragments sont prélevés après six mois pour étudier leschangements physiologiques liés à la photoacclimatation (nombre de zooxanthelles, concentrationen chlorophylles a et c2). Nos résultats ont montré que la survie des fragments corallienest significativement plus forte à 30 m qu’à 13 m, malgré l’absence d’épisode de blanchissementpendant la période expérimentale. Le taux de croissance est plus élevé à 13 m qu’à 30 m dufait de l’intensité lumineuse, facilitant les apports énergétiques à 13 m. Cette différence estd’autant plus marquée pour les genres à croissance rapide comme Acropora. Des différencesinterspécifiques existent pour la croissance et la survie entre les deux pépinières. Les différencesde mortalité observées entre les espèces s’expliquent plus par le site d’origine de la colonie quepar l’espèce intrinsèquement. La morphologie des espèces peut aussi être un facteur explicatifdes différences de survie. Les espèces dites compétitrices ont un taux de croissance plus fort queles espèces dites tolérantes aux stress. Les calculs de scores de retour sur investissement pourchaque espèce sont tous supérieurs ou égaux à 10, ce qui est encourageant quant à la capacitéde survie et de croissance de la biodiversité corallienne en pépinière. Au bout de six mois, lespremiers signes de photoacclimatation apparaissent avec une augmentation de la productionde chlorophylle a en profondeur. Suite à ces premiers résultats, il est primordial d’évaluer dansle futur la capacité de la zone mésophotique à servir, de refuge lors des épisodes massif deblanchissement et de futur source reproductive.