Résumé : Les antipathaires, aussi connus sous le nom de coraux noirs, sont des cnidaires anthozoaires hexacoralliaires coloniaux possédant un squelette chitino-protéique. Ils sont présents dans tous les océans, de l’Equateur jusqu’aux pôles à des profondeurs atteignant 8600m. Aux profondeurs mésophotiques, ils peuvent constituer des forêts sous-marines abritant de nombreuses espèces qui s’y nourrissent, s’y reproduisent et s’y développent. Cette zone sera touchée par le réchauffement des océans avec une amplitude similaire à celle qui affectera les zones moins profondes. Or la sensibilité thermique des communautés mésophotiques en général et des antipathaires en particulier est quasiment inconnue. Dès lors, l’objectif de ce mémoire fut de déterminer l’importance du facteur spécifique sur la sensibilité thermique des antipathaires. L'environnement thermique du site de collecte (Passe Nord du Grand Récif de Tuléar, Madagascar, 25m de profondeur) a été caractérisé grâce au déploiement d'un enregistreur de température de mai 2019 à septembre 2020. Les données obtenues montrent que la température, dans ce site, varie fortement à des échelles quotidienne et saisonnière. Des boutures de cinq espèces sympatriques de morphologies différentes (filiforme ou ramifiée) et/ou appartenant à des familles distinctes (Antipathidae ou Myriopathidae) ont été collectées dans le même site et soumises à un stress thermique aigu (ramping), à savoir une augmentation de température de 25,5°C à 37,5°C en 12H30. Durant ce ramping le taux métabolique de chaque individu fut mesuré à chaque pas de température. Ceci a permis d'établir des courbes de performance thermique pour chaque espèce. Les intervalles de confiance à 95% des paramètres de ces courbes ont permis de comparer les espèces entre elles et de déterminer leurs sensibilités thermiques relatives. La réponse au stress thermique différait entre les espèces selon leur morphologie, les espèces ramifiées montrant une sensibilité thermique plus importante que les espèces filiformes. La famille à laquelle appartiennent les espèces considérées n’a pas d’influence sur la réponse thermique. La comparaison des résultats obtenus pour le même genre, Stichopathes, à Madagascar (présente étude), en Polynésie française et aux Iles Canaries (données obtenues précédemment) indique que des variations saisonnières importantes de la température de l'eau confèrent une meilleure tolérance thermique.