Résumé : Introduction : En Belgique, la proportion de naissances issues de mères de nationalité d’origine étrangère est très importante depuis plusieurs décennies. Les migrantes du pays se retrouvent régulièrement dans des situations socio-économiques précaires et sont par conséquent plus sujettes à des issues de grossesses défavorables. Cependant, certains groupes de migrantes ont déjà pu également présenter des issues favorables pour le poids de naissance du bébé en comparaison des Belges lorsqu’elles ont statut socio-économique bas. Il serait intéressant d’étendre le champ des connaissances en matière d’issue de grossesses à d’autres interventions liées à l’accouchement régulièrement pratiquées en Belgique. Dans cette optique, l’objectif principal de cette étude est de déterminer l’association pouvant exister entre le statut socio-économique et le risque d’induction du travail et de césarienne programmée et urgente chez les mères vivant en Belgique et ce, selon leur nationalité.Méthodes : Les analyses se sont portées sur toutes les naissances singletons répertoriées en Belgique de 2010 à 2019 (n=1,218,121). La base de données utilisée relève des bulletins statistiques de naissances provenant du système d’enregistrement d’état civil belge. Sept groupes de nationalités ont été étudiés selon leur nationalité actuelle et non pas d’origine : Belgique, UE-15, UE27-15, UE de l’Est et Russie, Afrique du Nord, Afrique sub-saharienne, et Moyen Orient. Pour chacun de ces groupes, une régression logistique pour l’induction du travail et une régression logistique multinomiale pour les types de césariennes ont été effectuées pour estimer les OR entre ces deux interventions, en prenant en compte quatre facteurs socio-économiques (l’enregistrement au registre national, l’isolation, le nombre de revenus du foyer et le niveau d’éducation de la mère). Résultats : Quatre messages clés peuvent être dégagés de cette étude : 1) les femmes de nationalité d’Afrique sub-saharienne ont le plus haut taux de césariennes programmées et urgentes tandis que les femmes de nationalité d’Europe de l’Est ont le taux le plus bas. 2) Le taux d’induction est également le plus bas chez les femmes d’Europe de l’Est comparé aux autres nationalités. 3) Comparé aux belges, les autres nationalités sont globalement moins à risque de subir une induction et plus à risque de subir une césarienne urgente. 4) Les caractéristiques liées au statut socio-économiques des mères impactent différemment les sept groupes de nationalités ; les femmes de nationalité belge et de l’UE-15 ayant un faible SSE sont plus à risque d’induction et de césarienne urgente, et les femmes de nationalité d’Afrique sub-saharienne et du Moyen Orient ayant un faible SSE ont un risque réduit de césarienne programmée. Conclusions : les mères belges et de l’UE-15 de statut socio-économique bas sont plus à risque de subir une intervention que les mères immigrées présentant le même profil. Il est cependant possible que ces dernières soient sujettes à des inégalités en termes d’accès aux services de soins de santé qui touchent moins les femmes belges. Il est très important d’inclure une dimension socio-économique lors de l’étude des issues de grossesses de mères de diverses nationalités car celles-ci présentent des profils et des résultats qui divergent fortement.