Résumé : But du mémoire : Cette étude vise à déterminer si des liens peuvent être établis entre les différentes facettes de l'intéroception, la pratique d'activités intéroceptives ou artistiques et l'empathie. Nous tentons également de caractériser de possibles variations d'empathie au cours des études médicales et nous attelons à comprendre quels pourraient être les meilleurs facteurs intéroceptifs à travailler pour développer l'empathie, déterminant majeur de la qualité des soins et de l'adhérence aux traitements.Matériel et methode : Nous avons, pour ce faire, demandé sur base volontaire, aux étudiants de première année et de dernière année de kinésithérapie de l'Université Libre de Bruxelles, de remplir un questionnaire anonyme, en ligne. Ce questionnaire comprend le questionnaire MAIA 2 établissant le score d'intéroception, l'Echelle d'Empathie de Jefferson établissant le score d'empathie ainsi qu'une question sur l'activité "intéroceptive" du volontaire et une question sur son activité artistique. Toutes les données récoltées font ensuite l'objet d'une analyse statistique.Résultats : 138 réponses complètes ont été enregistrées, 47 provenant de BA1 et 91 de ceux de MA1. Nous avons objectivé une corrélation entre intéroception et empathie (p=0,005 ; R=0,236), ainsi qu'un meilleur degré d'empathie chez les MA1 que chez les BA1 (p=0,048). Les personnes pratiquant une activité intéroceptive et artistique montrent plus d'empathie, par rapport à ceux pratiquant une seule de ces deux activités ou ceux n'en pratiquant pas (p=0,027). De façon plus ciblée, les étudiants pratiquant du Yoga/Pilates/Qi-Gong ou le dessin ont une meilleure intéroception (p=0,039 ; p=0,031). En revanche, seuls les étudiants pratiquant la méditation régulièrement possèdent une meilleure empathie (p=0,01). Pour finir, les sous-groupes de l'intéroception qui influent le plus les scores d'empathie sont la "Conscience émotionnelle" (p=0,011), l' ''Autorégulation" (p=0,016) et, loin devant, la "Prise de conscience" (p<0,001).Discussion et Conclusion : L'empathie globale semble aussi complexe à déchiffrer que le laisse entrevoir la littérature. Nous pouvons affirmer que, bien que réelles, les relations empathie/intéroception sont complexes car minces. Pour générer plus d'empathie chez nos futurs praticiens, il faut peut-être privilégier des approches directes plutôt que des approches indirectes. La méditation semble être la seule pratique à conseiller dans ce cas.