Résumé : Les phénylpropanoïdes constituent un large groupe de métabolites secondaires incluant notamment les monolignols (formant, par polymérisation, la lignine) et les flavonoïdes. Chez les plantes vasculaires, la lignine est présente dans les parois de certaines cellules des tissus conducteurs et de soutien, assurant la rigidité cellulaire ainsi que le support mécanique de la plante. Les flavonoïdes forment un groupe de composés très diversifiés qui ont plusieurs rôles physiologiques et/ou développementaux. Par exemple, au niveau des feuilles, les flavonoïdes contribuent notamment à la protection de l’appareil photosynthétique vis-à-vis des molécules oxydantes et forment un groupe de composés de défense contre certains ravageurs et pathogènes. La voie de biosynthèse des phénylpropanoïdes est régulée au niveau transcriptionnel par un grand nombre de facteurs de transcription, dont les MYB. Certains membres de cette famille sont impliqués dans la régulation de la biosynthèse de la lignine et des flavonoïdes, comme c’est le cas du gène MYB6 chez le peuplier. Par ailleurs, il a été démontré dans la littérature que plusieurs MYB sont régulés par un épissage alternatif.L’objectif de ce mémoire est d’étudier l’épissage alternatif du gène MYB6, ainsi que d’un gène qui lui est très proche, MYB126, et d’évaluer l’impact de cet épissage alternatif sur la régulation de deux gènes de la voie des phénylpropanoïdes chez le peuplier. Ces deux gènes sont DFR2, un gène de la voie de biosynthèse des flavonoïdes, et CCoAOMT1, un gène de la voie de biosynthèse des monolignols. A la suite d’une RT-PCR dans différents tissus de peuplier, plusieurs variants d’épissage ont été mis en évidence pour MYB6 et MYB126. Le séquençage de ces transcrits a montré que l’épissage alternatif affecte principalement, dans le domaine R3 qui se situe à cheval sur deux exons, le domaine de liaison à l’ADN et les domaines d’interactions avec d’autres facteurs de transcription mais pas le domaine répresseur de l’activité transcriptionnelle. Nous n’avons malheureusement pas pu évaluer l’impact de l’épissage alternatif sur l’activation de l’expression des gènes DFR2 et CCoAOMT1. Dans les conditions de culture du laboratoire, la mesure de l’expression relative par RT-qPCR du transcrit régulier de MYB6 par rapport aux variants d’épissage, dans différents tissus du peuplier, a montré que celui-ci était dominant. Ces résultats suggèrent que les variants d’épissage joueraient un rôle mineur dans la régulation transcriptionnelle des phénylpropanoïdes comparativement au transcrit régulier. Cependant, au niveau subcellulaire, toutes les variants de MYB6 sont localisés dans le noyau, indiquant un rôle transcriptionnel potentiel qui mérite d’être investigué plus en détail.