Mémoire
Résumé : | La spéciation est un processus évolutif permettant l’émergence de nouvelles espèces. Cependant, il n’est pas impossible que des échanges de gènes aient toujours lieu entre ces espèces nouvellement différenciées. En effet, deux espèces soeurs de chrysomèles (Gonioctena intermedia et Gonioctena quinquepunctata) possèdent des aires de distribution qui se recouvrent partiellement dans les Alpes où on observe une introgression unidirectionnelle du génome mitochondrial et de quelques gènes nucléaires de G. quinquepunctata vers G. intermedia. Certaines études ont montré que le génome mitochondrial jouait un rôle dans l’adaptation de populations, notamment de chrysomèles, aux températures extrêmes retrouvées dans les milieux montagneux. Dans la présente étude, j’ai tenté de savoir si l’introgression du génome mitochondrial de G. quinquepunctata apportait de meilleures performances physiques (vitesse de parcours avant et après le choc thermique) et une résistance plus accrue à celui-ci. Pour ce faire, des chrysomèles des deux espèces ont été récoltées dans les Alpes, Vosges et Ardennes et soumises à des températures extrêmes pendant trois heures. La vitesse de chaque individu a été mesurée avant et après le choc thermique. Pour l’espèce G. quinquepunctata, les populations de haute altitude présentent à la fois de meilleures performances après le choc thermique et une meilleure résistance à celui-ci contrairement à celles de basse altitude. Ces observations pourraient être associées aux différences génétiques existantes entre ces populations, à la plasticité phénotypique de l’espèce ou liées à d’autres facteurs que l’altitude. Une différence de performance a également été observée avant application du choc thermique entre une population alpine introgressée et une population ardennaise non-introgressée de G. intermedia. Aucune différence de résistance ne semble exister entre ces populations, ce qui suggère que le génome mitochondrial transféré entre les deux espèces n’apporte pas de meilleure adaptation aux milieux extrêmes. J’ai également étudié l’existence de barrières prézygotiques comportementales à la reproduction entre les deux espèces en procédant à une série d’accouplements intra-et interspécifiques. Nos résultats suggèrent qu’il existe des barrières prézygotiques comportementales à la reproduction mais elles ne sont pas absolues car des accouplements interspécifiques ont tout de même eu lieu. |