Résumé : Le changement climatique est au coeur de toutes les préoccupations, en particulier avecl’augmentation du CO2 atmosphérique due à l’utilisation de combustibles fossiles. Pour limiterles effets de ce rechauffement climatique, outre la diminution de la consommationénergétique et des biens qui en dépendent, une voie d’atténuation serait de stocker le CO2excédentaire dans d’autres réservoirs. L’altération minérale des silicates contenant des Caou des Mg et la précipitation secondaire de carbonates de Ca et de Mg sont les principauxprocessus naturels qui contrôlent la concentration de CO2 dans l’atmosphère à l’échelle destemps géologiques (Berner et al. 1983). Il semble donc logique d’utiliser l’altération forcéecomme outil pour limiter l’augmentation des niveaux de CO2(Schuiling et al.,2006). Cependant,l’altération minérale des silicates est très lente. L’idée de l’altération forcée est d’appliquerdes silicates broyés, augmentant ainsi la surface, afin d’accélérer l’altération et donc laséquestration du carbone. Lorsque les silicates s’altèrent, le CO2 est lié sous forme aqueusequi finit par précipiter sous forme de carbonate, séquestrant le carbone pendant des millénaires(Vicca et al., 2021). Avec des taux de dissolution élevés, l’olivine a été proposéepour accélérer cette séquestration naturelle du CO2. Une alternative au broyage des Ca/Mgsilicatespourrait être de tirer profit des capacités d’altération des plantes et des microorganismesqui leur sont associés au sein de la rhizosphère. En particulier, les champignonsmycorhiziens qui vivent en symbiose avec les racines des plantes.Pour mieux comprendre le potentiel de la technologie de l’altération forcée et quantifierl’effet des plantes et de leurs mycorhizes, nous avons réalisé une expérience en conditionscontrôlées, ispirée de celle de Ten Berge et al. (2012), utilisant le blé et le charme commeplantes-hôtes. Le but est de quantifier l’effet des champignons mycorhiziens et d’analyserl’effet des différentes tailles de grains d’olivine dans le processus d’altération minérale qui’in fine’ contrôle les processus de carbonatation dans les sols (et donc la quantité de CO2fixé). À cette fin, nous avons ajouté dans les pots des endomycorhizes (blé) ou ectomycorhizes(charme) ainsi que de l’olivine de granulométrie différente (fine et grossière).En 23 semaines d’expérience, la carbonatation est encore très limitée. Cependant, l’altérationdes silicates est accélérée en présence d’olivine et de mycorhizes avec une augmentationde 66 %deMg/pot pour le blé et 74 %pour le charme. De manière générale, les résultatssont plus significatifs pour le blé que pour le charme. La présence d’endomycorhizes etd’olivine fine accélère l’altération des silicates chez le blé. Les ectomycorhizes n’ont pas eud’effets significatifs, mais la présence d’olivine fine est le facteur principal de l’augmentationdu taux deMg chez le charme. Par comparaison avec des grains de blé contrôle, on a déduitl’effet fertilisant de l’olivine, ainsi que son risque de contaminations au nickel des plantes etdes sols et particulièrement en présence d’olivine fine (<2mm). Cependant, aucun effet deNi sur la biomasse finale n’a pu être observé. La biomasse étant stimulée par la présence desmycorhizes dans la rhizosphère. En conclusion, pour le blé, l’olivine augmente l’absorptionde l’Al, K, P, Fe et du Mg dans la plante et la biodisponibilité du Fe, du Mg et du Ni dans lesols, mais empêche l’absorption de Ca dans la plante. Pour le charme, l’olivine augmente labiodisponibilité de l’Al, Ca, Mg, Ni et du fer dans le sol et l’absorption de Mg, p et K dans laplante.