par Fonkou Fosso, Raoul 
Président du jury Cornelis, Eric
Promoteur Keblowski, Wojciech
Publication Non publié, 2022-09-01

Président du jury Cornelis, Eric

Promoteur Keblowski, Wojciech

Publication Non publié, 2022-09-01
Mémoire
Résumé : | En raison des contraintes budgétaires que présente le développement de l’offre en transport public (TP), au-delà d’autres sources de financement, les autorités bruxelloises sont amenées à augmenter les tarifs bien au-delà de l’inflation. Et ce au détriment des usagers. Car disent-ils, ils permettent d’assurer la pérennité économique du système de TP local. Et pourtant, la situation socioéconomique qui caractérise près de 31% de la population bruxelloise se veut alarmante. Malgré cela, elles continuent d’idéaliser les TP comme un service universellement accessible à tous, quand bien même son système tarifaire présenterait de fortes inégalités sociales entre les usagers. Dans un tel contexte, la fraude tarifaire devient une pratique normée pour se déplacer. En raison de la perte de revenus qu’elle engendre dans la trésorerie de l’opérateur (STIB), elle est dès lors analysée à l’image de la littérature existante, comme une pratique dysfonctionnelle, rationnelle, opportuniste et asociale ; et le fraudeur est par conséquent traité de passager malveillant ou plus durement, de criminel. Subséquemment, des mesures d’ordre techniques, infrastructurelles et juridiques sont prises pour l’endiguer, et ce sans trop chercher à cerner les raisons qui motivent les passagers à éluder les tarifs. Dès lors, une meilleure compréhension de ce phénomène pourrait aider les pouvoirs publics à mieux cerner les défis auxquels les usagers à faibles revenus sont confrontés afin de proposer des TP plus justes. Dans cette étude, à travers l’analyse des entretiens qualitatifs avec 12 fraudeurs et des plateformes de fraude en ligne, au-delà d’explorer les diverses motivations qui sous-tendent l’évasion tarifaire, nous montrons comment la présence du tarif dans ce qui se veut être des transports publics, affecte les habitudes et les comportements de mobilité des voyageurs. Par ailleurs, nous mettons en lumière les différentes stratégies et tactiques mises en place par les citadins pour battre les barrières tarifaires et infrastructurelles afin d’être présents dans le domaine des TP et par ricochet dans l’espace public. De ces stratégies d’esquives, nous observons qu’à défaut d’être une pratique dysfonctionnelle et asociale, la fraude tarifaire peut être analysée comme une pratique contestataire permettant aux fraudeurs de s’insurger contre le système tarifaire discriminatoire et la norme de paiement, mais aussi elle permet de redéfinir le caractère public des transports publics et ce en produisant un public alternatif pour des transports plus publics. |