Mémoire
Résumé : | Ce mémoire interroge le rôle de l’international dans la formation des mobilisations sociales transnationales faites contre la répression du régime du CNDD-FDD. Il interroge également les effets du changement d’échelle de la protestation sur les acteurs militants à partir de la Belgique. Pour répondre à ces questionnements, nous avons décidé d’adopter une méthode compréhensive des sciences sociales. Nous approcherons les éléments de réponses dans un raisonnement néo-institutionnaliste afin de comprendre comment des institutions peuvent influencer sur les choix des acteurs. Les théories de la sociologie des mouvements transnationaux éclaireront notre développement. Nous démontrons ainsi que derrière une contestation contre le régime répressif burundais, se trouve une hétérogénéité d’acteurs, avec des intérêts propres et des répertoires d’action distincts et parfois innovants. Grâce à une sociographie des protestataires, ce mémoire met en avant la portée des trajectoires individuelles, l’ancrage national et les revendications allant au-delà de l’exigence du respect des droits humains. Il démystifie le processus de la transnationalisation par des militants ayant été proches du pouvoir et leur lien avec des organisations occidentales. Au préalable, il analyse l’histoire du parti du CNDD-FDD et les raisons de son durcissement malgré les ambitions de justice et d’équité qui lui avait permis d’être élu démocratiquement. Il analyse également la manière dont le parti a été influencé par l’international. Par le contexte régional et par la communauté internationale dont l’Union africaine, l’ONU, les États-Unis, l’Union européenne ont joué un rôle relativement décisif. De cette façon, nous revenons aussi sur le passé colonial burundais où la Belgique a joué un rôle majeur. Cette étude ne se définit pas particulièrement comme étant dans la mouvance décoloniale, mais elle met en lumière les biais que les mythes coloniaux ont encore comme impact sur la production de savoir de la discipline et sur la lecture que l’on peut faire de l’actualité. Plus particulièrement, nous abordons le biais de l’ethnicité qui surdétermine les événements qui se déroulent au Burundi et obstrue la perception de la réalité des problématiques de politique burundaise. Ce mémoire tente de recouper les avis de tous les acteurs impliqués dans la contestation. Ceci a pu être partiellement abouti grâce à l’analyse de l’actualité, de rapports officiels, des recherches académiques précédentes, mais aussi grâce à la réalisation de plusieurs entretiens individuels, grâce à la prise de notes lors d’événement ou de conférences. L’internationalisation se révèle être, pour nos contestataires burundais, un dernier recours pour tenter de sauver leur vie. Elle est une prison ouverte qui ne leur permet pas de retrouver leurs proches et leur terre natale. Pour les personnes visées par les contestations, le Burundi et sa région deviennent alors leur prison. Les sanctions ont tenté de limiter leurs mouvements. L’international est aussi une plateforme de visibilité, de rencontre et de création de nouvelles alliances et de nouveaux projets. Pour le Burundi, l’international est aussi une manne de revenus qu’il n’est pas aisé de négliger. |