Résumé : Connue pour ses nombreuses interventions militaires à l’étranger, particulièrement en Afrique depuis la décolonisation, l’Armée française a dû adapter sa stratégie et sa tactique sur le terrain pour répondre à des paradigmes de guerres et à des enjeux nouveaux sur ses théâtres d’opérations. C’est dans le cadre de cette adaptation que sont apparus les notions « d’actions civilo militaires » et de « gestion civilo-militaire » : au-delà de la simple intervention armée classique, les militaires ont dû chercher à coordonner celle-ci avec les acteurs du développement sur place et à mettre en place de nouvelles pratiques, hors de leur domaine d’expertise, voyant que la seule force armée ne suffisait plus pour répondre à un conflit. Cette nouvelle approche étend ses efforts au-delà du champ de bataille, pour combattre sur le champ informationnel et réussir à influencer les perceptions au regard du paradigme de « Gagner les cœurs et les esprits ». Se basant sur une stratégie et un phénomène mouvant, en perpétuelle adaptation, ce travail de recherche n’apporte pas solution concrète au problème posé. S’il soulève empiriquement des lacunes et incohérences sur le plan théorique et opérationnel de la stratégie militaire de l’armée française notamment dans la mise en place des ACM, la conclusion finale met en évidence l’impasse temporelle dans laquelle cette pratique se trouve. Il tend cependant à proposer des solutions au maintien de ces activités en RCI, malgré la remise en question du paradoxe « Gagner les cœurs et les esprits » à l’origine de la mise en place des ACM, et alors même que le pays n’est pas en guerre. Si au niveau stratégique, l’armée française se positionne vis-à-vis de l’extérieur comme acteur concourant à l’approche globale par la gestion civilo-militaire, ce positionnement ne répond en réalité qu’à une tactique à visée opérationnelle, en fonction d’un certain cadre politique et décidée en interne de la hiérarchie. Pour démontrer cela, l’objet d’étude des ACM a été retenu comme un outil pragmatique intégré à une Stratégie Militaire d’Influence (SMI) plus globale. Cette confusion est notamment le fruit d’une stratégie de communication qui tend à justifier les ACM par l’idée d’une approche globale éclairée par le nexus-sécurité et développement. Par conséquent la plus-value du travail de montrer la différence entre les niveaux stratégico-politique et pratico-tactique et d’ainsi montrer les écueils du paradgime de « Gagner les cœurs et les esprits » perceptibles dans les pratiques militaires contemporaines déployés sur les théâtres d’interventions des militaires français. Entre mauvaise gestion, marginalisation, et mauvaise communication, ce travail essaye d’interroger le monde qui sépare l’élaboration de la doctrine et sa mise en pratique.