Mémoire
Résumé : | Le statu quo n'est pas une option ! Telle est l'alerte lancée par un nombre croissant de scientifiques ces dernières années à l'égard de l'agriculture conventionnelle, responsable d'une forte contribution au changement climatique, de la destruction massive de la biodiversité, de la pollution à l'azote et aux pesticides, etc. Face à ce modèle qui pousse la planète à franchir ses limites, l'agroécologie est de plus en plus mise en avant comme un modèle alternatif susceptible de nourrir l'humanité tout en préservant l'environnement et en particularité la biodiversité. Fondé sur la collaboration avec la nature plutôt que sur sa domination, l'agroécologie, en alliant les enseignements de l'écologie et de l'agronomie, vise à appliquer les principes écologiques à la gestion des agroécosystèmes et met en avant l'importance de la santé des sols, de la diversité, du recyclage des ressources, de l'autonomie, etc. La littérature scientifique a récemment souligné à de multiples reprises les bénéfices de l'agroécologie pour la biodiversité, de même que pour la lutte contre le changement climatique. Pourtant, sa pratique demeure limitée au sein de l'Union européenne. Ce travail tente de comprendre pourquoi, en recourant au cadre théorique de la perspective à multi-niveaux. Ainsi, il met en évidence toute une série de verrouillages qui empêchent la transition agroécologique tels que l'image du bon fermier encore profondément ancrée dans une logique productiviste ; les sentiers de dépendance en matière de connaissances et d'infrastructures; la précarité des fermiers ; les contraintes que les acteurs en amont et en aval du système alimentaire imposent aux agriculteurs, tels que des standards pour pouvoir répondre aux exigences des procédés de transformation; des prix plus élevés pour les produits agroécologiques face à des récoltes produites de façon conventionnelle qui n'internalisent pas les coûts sanitaires et environnementaux ; les inégalités socio-économiques qui empêchent une partie de la population de participer à la transition agroécologique; etc. Il convient également de souligner en particulier les rendements inférieurs de l'agroécologie qui sont systématiquement mis en avant par les partisans de l'agriculture conventionnelle 2.0. Pourtant, plusieurs études démontrent que la production agroécologique pourrait largement nourrir la population mondiale en 2050 si des efforts étaient consentis pour réduire le gaspillage et la consommation de viande. Enfin, les groupes de pression représentant de puissants intérêts établis recourent à une vaste gamme de techniques pour lutter contre les ambitions (relatives) des instances politiques de changer le modèle industriel dominant en faveur de l'agroécologie. |