Résumé : Au cours des dernières années, la mobilité humaine s’est accrue dans le monde entier en raison de facteurs tels que la recherche de meilleures opportunités à l’étranger, les crises naturelles et d’origine humaine, la dégradation de l’environnement et la circulation accrue de l’information grâce aux progrès technologiques. L’augmentation des flux migratoires s’est également accompagnée d’une augmentation du nombre de migrants retournant dans leur pays d’origine (OIM, 2020 : 1). Bien que la migration de retour ait toujours existé, c'est dans les années 1980 que l'attention académique portée au phénomène s'est accrue, en promouvant des débats scientifiques au sein de la communauté académique sur le retour et leur impact dans les pays d'origine. Ces débats ont abouti à la production de plusieurs volumes et d'essais critiques, ainsi que par l'organisation de conférences (Kubat 1984 ; Conseil de l'Europe 1987). En outre, ils ont contribué au développement de la littérature sur la migration de retour, ainsi qu'à l'intérêt croissant pour le "co-développement", le "rapatriement volontaire des ressortissants de pays tiers", l'émergence et la mise en œuvre d'accords bilatéraux de réadmission entre les pays d'origine et les pays d'accueil, et le lien entre la migration et le développement économique des pays d'origine des migrants. (Cassarino, 2004 : 254). Cela coïncide, avec la crise économique globale et la fin des programmes de migration temporaire vers l’Europe occidentale ; autrement dit, l'intérêt accru des pays européens pour le rapatriement des migrants qui s'est caractérisé par le durcissement de politiques d’immigration. Dans ce contexte, caractérisé par la politisation croissante des mouvements migratoires, l’adoption des mesures sélectives en matière d’entrée et de séjour (temporaire) des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés, le renforcement du contrôle des frontières et les débats de plus en plus vifs sur la souveraineté et l’identité nationale, constituent les principaux ingrédients qui ont progressivement mené à des perceptions différents de la migration en général et du retour en particulier. De nouvelles taxonomies, comme le « retour volontaire » et le « retour forcé », ont commencé à façonner les discours officiels et l’action des institutions gouvernementales et intergouvernementales. (Cassarino, Jean-Pierre, 2015b :116-117). Malgré l’augmentation de l’intérêt pour le sujet, sa compréhension reste limitée faute de statistiques ou de données fiables et donc faute d'estimation de l'ampleur de la migration de retour. L’absence d'une définition claire sur le phénomène génère également une confusion sur l'évaluation des besoins et des possibilités. En outre, l'absence d'outils administratifs permettant d'enregistrer les migrants de retour signifie que dans de nombreux pays, le nombre de ces derniers est inconnu, tout comme les interventions mises en œuvre pour la réinsertion sur le marché du travail et pour l'assistance et le soutien. (Battistella, 2018) Il est devenu essentiel de veiller à une meilleure connaissance des dynamiques migratoires de retour et de réinsertion socio-professionnelle des migrants de retour dans leurs pays d'origine. Cela, pour permettre la conception et la mise en place des politiques, projets et programmes adaptés aux besoins identifiés, tant au niveau individuel (migrants) qu'étatique. Cette adaptation doit également prendre en considération les contextes évolutifs, tant au niveau des pays de destination que d'origine ou de ré-accueil. L’enjeu socio-économique qui en découle est important. Ce mémoire de maîtrise vise à étudier, selon le prisme d'analyse du cycle migratoire, le retour des migrants sénégalais dans leur pays d'origine et à se questionner sur l'impact des programmes d'aide au retour et à la réintégration dans le processus de réinsertion socio-professionnelle des migrants de retour. Le mémoire est divisé en 5 chapitres. Le premier constitue une certaine entrée en contexte à travers une brève revue de la littérature sur la migration de retour ; approches théoriques, notion du retour, programme d'aide au retour et à la réintégration. La deuxième section retrace le contexte sénégalais, du point de vue démographique, économique, migratoire politique et en matière de coopération au développement. Dans une troisième section, les hypothèses de recherche sont détaillées. Enfin, la quatrième section expose la méthodologie de recherche et la cinquième section présente les résultats.