Résumé : Nous affirmons que l’insécurité suscitée par la pandémie du COVID-19 est propice à la revalorisation des valeurs autoritaires et à la transformation de l’opinion publique en France et au Japon. D’un côté, l’exposition à une menace extérieure qui occasionne un environnement anxiogène au sein de la population, peut amorcer un réflexe autoritaire au cœur de l’opinion publique. Selon la théorie de la modernisation, l’opinion est potentiellement altérée au contact d’une telle menace car elle est avant tout le produit des conditions actuelles. D’un autre côté, on considère nos valeurs comme inébranlables. Pourtant, certaines d’entre-elles sont capables d’évoluer lorsque l’insécurité d’une crise – quelle que soit sa qualification - bouleverse les fondements de la société et de la démocratie. La prépondérance de l’érosion démocratique est très marquée en temps de crise et est renforcée par les stratégies autoritaires menées par les gouvernements occidentaux. Grâce aux données fournies par des enquêtes par sondages transnationales sur le Japon et la France et à l’aide de la théorie de la modernisation– outils permettant de saisir la culture moderne - nous avons pu établir un lien entre le déclin démocratique et le soutien des valeurs matérialistes qui émergent lorsque la sécurité économique et physique est constamment remise en question. Récemment, une contre-révolution est née de ces revendications matérialistes. Nous constatons que cette révolution, une réaction à la révolution silencieuse associée aux sympathisants du progressismes et du libéralisme dans les démocraties occidentales, nous indique que l’orientation idéologique et les choix politiques de ces dernières années sont axées plus vers le populisme et les attitudes non-démocratiques. On peut observer les effets de la transformation de cette culture politique contemporaine en France et au Japon. Dans l’hexagone tout comme au pays du soleil levant, on constate un déclin démocratique et un sentiment pessimiste collectif qui vient bousculer le pouvoir et faire basculer le niveau de confiance politique vers le bas. Malgré un faible regain de popularité pour les leaders nationaux aux prémices de la pandémie, l’effet du rally around the flag, indissociable d’une crise internationale, a seulement été éphémère et peu unificateur chez les Français mais surtout chez les Japonais.Nous avons néanmoins constaté que la récente hégémonie des partis populistes-autoritaires portée par le cynisme politique est contesté par l’ampleur du virus auprès de l’opinion publique. Nous avons une opinion qui se professionnalise, se tourne vers les experts de la santé et s’élève comme un rempart contre les extrêmes politiques mais nous ne pouvons nier l’implication de l’insécurité et du facteur stress au niveau de la confiance politique et interpersonnelle actuelle.