Mémoire
Résumé : | L'ambition de ce travail de recherche est de comprendre - dans un contexte où les idées circulent autour du globe et dépassent les frontières nationales, et où la littérature a tendance à analyser les circulations « Nord-Sud » -sous quelles formes les idées zapatistes circulent-elles en Europe à partir du cas franco-belge ? Cette recherche tend à analyser la circulation des idées zapatistes à partir d’une enquête de terrain qualitative de près de cinq mois, réalisée en 2022 à travers une série d’entretiens semi-directifs auprès de militant.es français.es et belges étant impliqué.es dans des organisations ou des évènements connectés au zapatisme, et considéré.es comme des récepteurs d’idées. L’étude s’inscrit dans le paysage théorique de la sociologie des circulations et de la sociologie des carrières militantes. La majeure partie de cette enquête s’est déroulée entre Paris, Bruxelles et Liège, deux pays où de nombreuses organisations ont participé à l’accueil des zapatistes en Europe en 2021. Travailler dans deux pays distincts permet de stimuler la recherche en vérifiant si les discours portés par les militant.es sont différents en fonction de leur contexte géographique. Si la littérature a fortement étudié l’organisation zapatiste comme productrice d’idées, il n’existe que très peu de travaux sur les modalités de réception des idées zapatistes en Europe. Il s’agira alors dans cette recherche, (1) d’analyser - en s’appuyant sur des données empiriques - les trajectoires militantes après la découverte du zapatisme et d’en faire une sociologie. Après avoir analysé ce processus de familiarisation avec le zapatisme, (2) nous décoderons au travers leurs récits, les raisons de leur engagement en lien avec le zapatisme, le sens qu’ils lui donnent, et leur type d’engagement. A partir de l’intégration de ces deux analyses, (3) la recherche se concentrera sur les pratiques militantes des récepteurs : Est-ce que le zapatisme influence leur comportement et leurs actions ? et comment se traduit la vision qu’ils ont de la lutte sur leur propre territoire une fois avoir pris connaissance de la lutte zapatiste. A travers ces questions, trois hypothèses ont été élaborées, l’une consistant à dire que ce sont principalement des militant.es de tendance anarchiste et issu.es du mouvement dé-colonial qui sont récepteurs des idées zapatistes aujourd’hui, attirés par le caractère autonome de l’expérience zapatiste. Les résultats permettent de vérifier cette hypothèse. Dans notre seconde hypothèse, son caractère « utopie concrète » les inciterait à s’engager en lien avec le zapatisme, avec cependant une différence générationnelle, les plus jeunes étant davantage attirés par la lutte anti-patriarcale et dé-coloniale des zapatistes. Ici, les résultats montrent qu’il faut nuancer car d’autres éléments entrent en compte. Enfin, notre dernière hypothèse consiste à penser que ces militant.es en France et en Belgique, ont pour ambition de construire également une société autogestionnaire à partir d’un territoire délimité où la terre deviendrait l’objet politique à défendre et où la question coloniale serait prise en compte. Cette dernière hypothèse a pu être vérifiée, et ce, par un processus moins d’imitation que d’inspiration. |