Résumé : Ce mémoire est une enquête de sociologie politique qui cherche à comprendre les modalités des répertoires d’actions collectives d’acteur.ices de la société civile à Bruxelles, qui se mobilisent pour décoloniser l’espace public.La littérature scientifique analyse la lutte décoloniale à travers la gestion de l’histoire coloniale belge lors de sa résurgence dans les années 1990 et les différentes réactions suscitées dans la société belge. Elle étudie également, dans les décennies qui suivent, les initiatives artistiques pour remettre en question ce passé face à l’inaction politique de traiter concrètement les enjeux de la lutte . Enfin, elles analysent les débats autour de la nécessité de déboulonner les statues coloniales dans l’espace public, -et ce qu’ils révèlent comme enjeux plus larges de la lutte - suite à l’effusion de mouvements décoloniaux après Black Lives Matter en 2020.Ce travail de recherche permet d’étudier précisément ce qui est entendu par « décoloniser l’espace public », expression floue, très employée car très médiatisée aujourd’hui, mais dont le sens et les enjeux sociétaux et politiques réels sont partiellement abordés.Cette recherche vise à comprendre ce que signifie la lutte décoloniale en Belgique, et quels sont ses enjeux, en se concentrant sur les pratiques et visions d’un panel d’acteur.ices militant.es et culturell.es de la société civile à Bruxelles. A travers l’étude de leur moyens et de leur rapport à la cause, leur modes d’actions mis en place, ainsi que du rapport complexe aux autorités belges, cette recherche permet d’approfondir l’état de la littérature scientifique. Ce mémoire permet de constater que la lutte décoloniale en Belgique, en plus de s’inscrire dans des enjeux internationaux, entends précisément donner la parole aux personnes racisées et traiter de leur place et vécu dans la société belge.Ainsi, ce mémoire permet de comprendre que si aujourd’hui la lutte décoloniale est mise à l’agenda politique belge, certains aspects de la question semblent, pour les acteur.ices interrogé.es, être mis de côté. De plus, l’analyse sociologique effectuée permet de se demander si le côté visible de la lutte, ses acteurs et son public, n’est pas cantonné à un secteur intellectuel. Il permet d’élargir davantage la question en se demandant quel public est touché par cette lutte et s’implique.