Mémoire
Résumé : | Cette recherche interroge la conservation de la nature au regard d’un des débats contemporains qui l’anime : l’inclusion des populations et activités humaines. Nous avons choisi d’analyser les enjeux historiques et contemporains des aires protégées en nous appuyant sur la political ecology. Pour cela, nous nous attardons sur l’héritage historique des logiques conservationnistes et leurs impacts quant à la gouvernance et aux modes de gestion des Parcs Nationaux aujourd’hui. Ce mémoire contribue à éclairer les recherches sur la décentralisation de la gouvernance des Parcs Nationaux français (PNF), plébiscité par un « tournant participatif » des aires protégées à l’international. Plus précisément, nous avons traité cette question à partir d’entretiens réalisés dans le coeur du Parc National des Ecrins (PNE). Par ce travail de terrain, nous avons tenté de saisir les dynamiques politiques locales et les relations entre acteurs en lien avec la protection de la nature. Cette approche centrée sur les lieux a pour but de nourrir les débats relatifs aux réformes de gouvernance comme potentielles politiques transformatrices vis-à-vis de l’héritage conflictuel des espaces protégés. Malgré une décentralisation accrue de la gouvernance des PNF, nos résultats semblent montrer un relatif statu quo des relations entre acteurs des PNF et acteurs locaux. La sanctuarisation du coeur de Parc, inchangée, parait subsister comme le noeud du conflit historique. À l’heure actuelle, si l’institution entame un tournant discursif d’inclusion des « territoires », la décentralisation se borne à la collaboration croissante avec les élus et non pas avec les acteurs locaux. Pour garantir la nécessaire acceptabilité des Parcs Nationaux, l’institution gagnerait sans doute à instaurer davantage d’écoute et de dialogue avec les acteurs locaux, voire à leur octroyer plus de marge de manoeuvre dans la gestion du territoire. Enfin, il est important d’encapaciter les gardes-moniteurs, relais locaux du Parc, et de leur donner l’espace pour nourrir ces relations avec le territoire. Autant d’éléments qui contribueraient sans doute à réaliser le souhait d’aujourd’hui des espaces protégés : de véritables outils de conservation qui prennent en compte les enjeux et préoccupations locales. |