Résumé : Dans les cellules animales, l'oxygène est essentiel pour produire efficacement de l’énergie. Une partie importante de cette énergie est consommée pour la synthèse des protéines. Le mécanisme de traduction canonique implique la reconnaissance des ARN messagers (ARNm) par le complexe eIF4F. Cette reconnaissance s’explique par l’interaction d’eIF4E avec la coiffe. En hypoxie, les cellules inhibent l'initiation de la synthèse protéique, économisant ainsi de l'énergie. Cette inhibition se produit via deux mécanismes principaux : l'inhibition du recyclage d'eIF2 par phosphorylation, et la séquestration d'eIF4E1. Néanmoins, certains ARNm échappent à cette inhibition, pour permettre à la cellule de développer une réponse adaptative. En 2016, Ho et coll. ont proposé un modèle pour rendre compte de ce phénomène dans les cellules de mammifères. Dans ce modèle, les facteurs canoniques eIF4G1 et eIF4E1 du complexe eIF4F seraient remplacés par eIF4G3 et eIF4E2, formant ainsi un complexe alternatif nommé eIF4FH. Bien entendu, ce modèle est loin d'être complet. Le contournement de l'inhibition de eIF2 reste inexpliqué, le mécanisme de recrutement est encore débattu, et plusieurs facteurs du complexe eIF4FH sont inconnus. Ce projet consiste à déterminer si Drosophila melanogaster (D.m.) utilise également un complexe alternatif eIF4FH en hypoxie, pour ensuite améliorer nos connaissances sur ce mécanisme. L'hypothèse actuelle est que DmeIF4EHP interagit avec une « protéine plateforme » pour former un complexe analogue à eIF4F. Pour trouver cette protéine, nous avons examiné la famille « 4G-like » de D.m., typiquement impliqué dans les processus de traduction. En utilisant des outils de prédiction de domaine, nous avons trouvé deux candidats intéressants (Nat1 et eIF4G2) présentant la même organisation de domaine que eIF4G1 et eIF4G3 des mammifères. Ces candidats ont été testés expérimentalement pour leur capacité à traduire des marqueurs d'hypoxie validés précédemment. Nous avons également recherché leur impact sur la traduction globale en hypoxie. Ces premiers résultats étant négatifs, nous avons recherché cinq candidats supplémentaires dans la famille des protéines « 4G-like ». Cette fois, les résultats semblent plus prometteurs. Ils montrent en effet qu’eIF5 pourrait être impliqué dans la traduction globale, spécifiquement en hypoxie.