Résumé : Objectif : Ce mémoire a pour objectif d’étudier les rythmes cérébraux d’un thérapeute manuel lors de la réalisation d’une tâche de perception haptique de mobilisation en flexion de la cheville d’un sujet sain. Matériel et méthode : Un sujet « thérapeute », étudiant en cinquième année d’ostéopathie à l’ULB ainsi que deux sujets « patients » ont été recrutés. Les sujets volontaires se sont d’abord allongés en décubitus dorsal sur une table. Leur cheville droite a été placée dans un dispositif mesurant la résistance passive du mouvement reliée à un bras de levier. Le sujet « thérapeute » a réalisé 200 flexions dorsales (en quatre séries de cinquante) de la cheville droite des sujets « patient », à l’aide d’un dispositif reliant la cheville à un bras de levier. Lorsque le sujet « thérapeute » percevait un changement de résistance des tissus, il appuyait sur un bouton poussoir avec son autre main. L’activité électroencéphalographique (EEG) du sujet « thérapeute » a été enregistrée puis analysée. Ces données ont été comparées aux mesures EEG lorsque le sujet « thérapeute » mobilisait la cheville à vide, sans perception de résistance mais en appuyant tout de même sur le bouton poussoir.Résultats : L’analyse ERP (« event-related potential ») révèle une CNV (variation négative contingente) pour la condition cheville (CH) par rapport à la condition à vide (AV). L’analyse du spectre démontre une différence significative entre la condition AV et CH autour de 10Hz (p-valeur <0,005). L’analyse de l’activité ERSP (« event-related spectral perturbation ») montre un ERD (« event-related desynchronization ») dans la bande de fréquence alpha durant 1200ms, juste après la perception d’un changement de résistance. L’ERD n’apparait pas dans la condition à vide de l’expérience. Ainsi, cet ERD est interprété comme le signal indiquant que le sujet « thérapeute » a pris la décision d’appuyer sur le bouton poussoir après avoir réellement senti une changement de tension. Conclusion : La perception d’un changement de tension des tissus mous lors de la flexion dorsale d’une cheville révèle des signaux particuliers sur l’électroencéphalogramme du sujet « thérapeute ». En effet, l’ERD présent en alpha dans la condition cheville semble confirmer que le sujet « thérapeute » prend la décision d’appuyer sur le bouton à partir du moment où il perçoit un changement de résistance des tissus mous. La prise de décision suivant la perception haptique peut donc être caractérisée sur les signaux EEG. Cependant, ces résultats doivent être nuancés car ils sont basés uniquement sur les données de deux sujets. La perspective étant d’élargir cette recherche grâce à une population plus importante.