Mémoire
Résumé : | Dans la littérature, les facteurs expliquant les variations de participation politique caractérisent majoritairement les variations d’intensité de la participation. L’ambition de ce travail a été de contribuer à l’analyse des variations en nature de la participation, c’est-à-dire à la compréhension de ce qui explique qu’un individu choisisse tel ou tel mode d’engagement plutôt qu’un autre. L’hypothèse était que la perception du medium d’engagement influençait le choix dudit medium. Le terrain s’est effectué sur le rapport aux partis politiques et à l’engagement partisan qu’ont de jeunes français nés après 1995 et diplômés d’un bac + 3, donc actuellement en Master. Trois axes ont guidé mon analyse. D’abord, il a été vérifié que, contrairement aux discours alarmistes que l’on entend parfois sur la jeunesse, les jeunes interrogés allaient aux urnes, étaient mobilisés et intéressés par les questions politiques. Cependant, leur perception des partis politiques est négative, que ce soit au sein de l’échantillon global, qu’au sein de la frange plus mobilisée ou de la frange la moins mobilisée. Une perception différenciée apparait toutefois, une fois que le parti est intégré. Les jeunes partisans ont ainsi une perception plus distribuée et nuancée de leur medium d’engagement que les autres parts de la population sondée. Néanmoins, d’autres caractéristiques liées en premier lieu à leurs faibles confiance politique et sentiment d’efficacité externe, ainsi qu’en second lieu à leur haut niveau d’efficacité interne, sont semblables à la population globale ainsi qu’à la frange la moins mobilisée de l’échantillon.Ensuite, il a été mis en évidence qu’un type de medium d’engagement idéal se dessinait chez la population sondée, qu’elle soit plus ou moins proche de la politique. Les caractéristiques qui ressortent à ce sujet sont liées à des besoins d’appartenance, de sens, ainsi que de flexibilité. Ainsi, l’étude a démontré que les perceptions n’étaient pas si différenciées entre jeunes partisans et non partisans. La perception n’apparaît donc pas comme un facteur très opérant pour expliquer les variations en nature de la participation. La perception du medium d’engagement ne semble donc pas être un facteur très déterminant pour le choix potentiel de tel ou tel mode d’engagement.Enfin, la recherche aura démontré que les jeunes interrogés favorisent des formes d’engagement moins traditionnelles que les partis politiques, comme l’engagement associatif, l’engagement plus ponctuel sous la forme de pétition, ou encore les manifestations. Ces canaux semblent en effet constituer un moyen d’engagement plus raisonnable et adapté pour ces jeunes. Les données qualitatives ont permis d’approfondir les raisons du désamour partisan chez la cohorte étudiée : sentiment de manque de représentation, mais aussi de méfiance à l’égard d’appareils partisans peu transparents et peu démocratiques, relayant une image vieillie de la politique, ou encore la crainte d’être catégorisé et de devoir adhérer à la ligne entière du parti choisi. Les profils et raisons au non-engagement partisan sont diverses. Toutefois, le manque de lisibilité des partis et de leur offre, ainsi qu’une méfiance à leur égard, sont des arguments récurrents.La perception ne semble donc pas être une variable à même d’expliquer à elle seule le délaissement des partis politiques par les jeunes et leur préférence pour d’autres formes d’engagement. Au-delà de plus de pédagogie et de communication, les partis politiques semblent donc faire face à un défi majeur de renouvellement et de restructuration s’ils souhaitent attirer davantage de jeunes. |