Résumé : Cette étude qualitative de la géographie lesbienne met dans un premier temps en lumière le contexte particulièrement pauvre et lacunaire de la discipline en Belgique, et plus généralement dans le monde francophone. Les lesbien∙nes sont impensé∙es des études LGBTQIA+ et des études de genre. Cela exemplifie une situation plus systémique où les lesbien∙nes vivent l’invisibilisation et la violence lesbophobe. Ce rejet et cette violence sont particulièrement présentes dans les espaces publics, lieux normatifs par excellence. Plus largement, c’est toute la ville qui est pratiquée d’une manière propre aux lesbien∙nes. Leur géographie est atrophiée des espaces évités, rejetés, et impensés. La violence verbale et physique nourrit une peur et une difficulté à fréquenter la ville. Ielles posent des stratégies particulièrement de gestion des risques : se voir chez soi, traverser l’espace en vélo, contrôler sa présentation de soi et ses pratiques amoureuses. Néanmoins, ces pratiques sont contrebalancées par une politisation de leur vécu spatial. Ielles voient ainsi le fait de lesbienner ou de pratiquer l’espace en meute particulièrement identifiable comme une démarche forte de visibilisation et de contestation de la norme. Ielles s’attaquent directement, en étant lesbien∙nes, pas seulement présent∙es mais visiblement ostentatoires, au système hétéropatriarcal.