Résumé : Le secteur du sapin de Noël (SN) wallon, dynamique et prospère économiquement, demeure une des cultures les plus méconnue en termes d’impacts environnementaux. Chaque fin d’année pourtant, la question du SN refait surface et l’opinion publique demande des réponses à ces questions : quels sont les impacts environnementaux de la production d’un SN, dans quelle mesure est-il préférable de favoriser un SN issu d’une agriculture « éco-responsable », et surtout l’alternative du SN artificiel réutilisable est-elle justifiée dans une optique de durabilité ?Dans ce contexte, et dans l’objectif d’évaluer les performances environnementales de ce secteur, cinq modèles de production de SN naturels wallons et un modèle de production de SN artificiel chinois ont été étudiés au moyen de la largement utilisée et constamment améliorée méthode d’analyse de cycle de vie (ACV).Les simulations réalisées ont permis de mettre en évidence les étapes de production de SN naturel qui contribuent le plus aux impacts environnementaux. L’étape contributrice principale est pour l’ensemble des modèles les émissions de culture, c’est-à-dire les émissions liées à l’application d’engrais minéraux et organiques, avant et pendant le cycle de culture. En plus d’être particulièrement importantes, ces émissions sont également extrêmement variables et dépendent des pratiques agricoles, des caractéristiques du sol et des conditions climatiques. De ce fait, elles sont donc particulièrement difficiles à évaluer. Ce travail démontre les limites des modèles d’émission couramment mobilisés, qui utilisent des facteurs d’émissions génériques et réduisent par conséquent la précision des résultats de l’ACV. La nécessité de construire un modèle estimant la quantité de dioxyde de carbone (CO2) séquestré durant la croissance des arbres a aussi constitué un obstacle certain à la construction de résultats solides en rapport au sujet sensible qu’est le changement climatique. L’utilisation de modèles plus spécifiques, basés sur des analyses de terrain et adaptés aux conditions locales, est une priorité dans les recherches futures dans ce domaine. Du point de vue de la méthodologie, ce travail a aussi confirmé les améliorations en termes de méthode d’évaluation des impacts notamment sur le changement climatique. Le développement et l’utilisation d’une méthode européenne tenant compte des dernières découvertes scientifiques a effectivement généré des résultats sensiblement différents du faible nombre d’études d’ACV existantes à ce sujet.La seconde partie du travail portant sur le cycle de vie complet d’un SN a premièrement mis en évidence que les impacts du transport client dépassaient parfois largement ceux de la production, d’ordinaire l’étape dont les impacts environnementaux sont les plus élevés. La comparaison des deux types de SN - naturel et artificiel - a ensuite démontré que l’achat annuel d’un SN naturel présentait des impacts environnementaux significativement supérieurs pour quatre catégories d’impacts en comparaison à l’achat d’un arbre artificiel réutilisé six ans. Les résultats ne permettent pour le reste pas de départager les deux types d’arbres avec cette durée de vie du SN artificiel (6 ans).La solidité des résultats de cette ACV a été testée au moyen d’une série d’analyses de sensibilité qui se sont avérées déterminantes lors de la construction des conclusions.Il est considéré comme essentiel à l’amélioration des résultats les aspects suivants : l’utilisation de modèles spécifiques pour l’estimation des émissions sur parcelle et du carbone stocké par la culture, la prise en compte des impacts sur la biodiversité, un échantillonnage plus large d’exploitation et une mise à jour des données concernant le SN artificiel. Globalement il serait judicieux de présenter un plus grand intérêt scientifique et politique envers le secteur du SN en Wallonie.