Résumé : RÉSUMÉ.L’œuvre d’art n’a de valeur que dans la mesure où elle frémit des réflexes de l’avenir.André Breton, Introduction au discours sur le peu de réalité, Paris, Gallimard, 1950, p. 221.L’utilisation de l’intelligence artificielle s’étant développée ces dix dernières années dans la pratique artistique, notamment grâce aux avancées en matière de deep learning, le monde des arts numériques a soudainement éveillé les intérêts du marché, et ce en grande partie du fait d'une sur-médiatisation des fantasmes liés à la création autonome. Bien que cet engouement pour le débat d’un potentiel remplacement de l’artiste par la machine puisse s’avérer en réalité infondé, de nouvelles questions émergent toutefois en matière d’esthétique et d’éthique. Notamment parce que l’intelligence artificielle, avant d’être un outil de création, figure comme une technologie controversée pour de multiples raisons politiques et culturelles, cette recherche vise à explorer au travers des œuvres d’art IA, les intentions artistiques afin de mieux comprendre les motivations des artistes.En commençant par présenter les aspects techniques et conceptuels qu’implique l’utilisation de l’IA de manière créative, nous tenterons de remettre en contexte et d’expliquer de manière concise les principes de fonctionnement de la technologie du GAN. Afin d’identifier les apports potentiels de l’ordinateur, nous axerons, dans un premier temps, notre développement sur la possibilité d’un parallèle entre les représentations culturelles et une conception algorithmique du réel, mais aussi sur le sens que cet art occupe dans une société postmoderne façonnée par internet. En étudiant les rapports entre le médium et le message, nous nous attarderons sur la dimension fragmentaire de l’intelligence artificielle lorsqu’il s’agit de traiter un grand nombre de données et de définir ainsi une esthétique du “GANisme”. Nous partirons pour cela des théories de Marshall McLuhan, d’Abraham Moles ou des écrits des artistes eux-mêmes. Dans un second temps, sur base cette fois-ci des études technocritiques de Jacques Ellul et François Jarrige mais aussi des recherches menées par Jean-Paul Fourmentraux, Andrew Feenberg ou Michel Foucault, nous étudierons l’hypothèse du rôle des artistes en tant qu’éclaireurs dans le contexte d’une contradiction entre la critique et l’usage de l’IA. Afin d’explorer l’hypothèse d’une nécessité pour les artistes de faire appel à une démarche autocritique, nous nous permettrons une comparaison avec les peintres de nature-morte du XVIIème siècle, notamment au travers des écrits de Victor Stoichita et de Clément Greenberg.