Mémoire
| Résumé : | L’ambition de ce travail est de reconstituer le rôle exact de l’institution catholique dans la médiation de la crise postélectorale que connaît la Bolivie d’octobre 2019 à octobre 2020. Il faut pour cela étudier comment l’Eglise catholique est parvenue à être immédiatement reconnue comme une institution médiatrice légitime et incontournable par l’ensemble des acteurs politiques impliqués dans la crise. Il s’agit ensuite d’évaluer le succès de l’entreprise de médiation et de facilitation du dialogue initiée par l’Eglise en revenant sur les conséquences de l’implication de l’Eglise dans le processus de transition gouvernementale. En effet, si l’Eglise catholique n’est plus sollicitée en tant que médiatrice une fois Luis Arce élu président de Bolivie (octobre 2020), elle doit désormais s’atteler à justifier son implication dans ce que la justice considère comme un coup d’Etat. L’essentiel de cette recherche se base sur une analyse de discours approfondie des communiqués et déclarations de la Conférence épiscopale bolivienne ou des évêques qui la composent. Le mémoire, publié en juin 2021 par la Conférence et destiné à justifier son implication dans la crise face aux accusations, constitue la pièce maîtresse de cette analyse. Alors que l’Eglise catholique maintenait la confidentialité des réunions qu’elle encadrait, elle décide subitement de faire toute la lumière sur son implication dans le processus de transition gouvernementale, livrant ainsi de précieuses informations ainsi qu’un plaidoyer assumé. Après l’analyse de la littérature et des documents collectés, il est possible d’affirmer que l’institution catholique doit son rôle d’acteur médiateur légitime et incontournable à son héritage historique, mais aussi aux fragilités institutionnelles inhérentes à la Bolivie. Les conclusions de ce mémoire permettent en outre de souligner le succès de l’action médiatrice de l’Eglise durant la crise, puisqu’elle a favorisé la pacification du pays, la formation d’un gouvernement transitoire et l’organisation de nouvelles élections. L’Eglise a par ailleurs œuvré à l’apaisement des mouvements sociaux aux côtés du nouveau gouvernement, s’assurant de la pérennité des accords obtenus. On peut également estimer que l’Eglise catholique est parvenue à accroître discrètement son influence au sein de la société bolivienne durant le processus de médiation et de facilitation du dialogue. Tout change cependant lorsque le MAS revient au pouvoir puisqu’Arce et son gouvernement sont bien décidés à faire la lumière sur ce qu’ils estiment être un coup d’Etat. Or, si le processus de dialogue et de médiation engagé par l’Eglise catholique en 2019 fait partie du coup d’Etat, alors l’institution en est bien l’un des protagonistes. Voilà pourquoi le mémoire publié en juin 2021 devait absolument faire toute la transparence sur le rôle de l’Eglise dans le processus de transition. Il s’agissait pour elle de réaffirmer son implication au nom du bien commun et de nier tout coup d’Etat. |





