Résumé : Ce travail de recherche traite du taux croissant de la demande d’inhumation pour les ressortissants de la communauté musulmane à Bruxelles et, plus particulièrement, de la manière dont les acteurs des autorités communales mettent en œuvre les politiques publiques pour y répondre. La crise sanitaire actuelle avec son cortège de restrictions a amplifié ce phénomène, et les éléments sociaux-culturels d’attachement à la Belgique ne sont pas à sous-estimer. A l’aune de cette réalité, il nous est rappelé le fait que les funérailles peuvent être organisées de manière différente d’une personne à l’autre en fonction de son appartenance culturelle et de ses convictions religieuses ou philosophiques. Alors qu’avant la pandémie du Covid-19, il était coutume de rapatrier les dépouilles des personnes de la communauté musulmane vers le pays d’origine, il en va tout autrement depuis que les déplacements sont restreints, entre autres celui de la circulation des morts. Ces éléments contextuels ont suscité l’intérêt de notre choix de sujet d’étude. Il résulte de cette étude constat d’une tendance qui est celle de la mise en terre multiconfessionnelle. Celle-ci s’était déjà amorcée depuis la mise en place de l’Intercommunale d’inhumation de Schaerbeek en 2002. En Région bruxelloise, les acteurs en charge de leurs compétences au niveau du processus décisionnel et de la mise en œuvre de l’ordonnance du 29 novembre 2018 et de la loi du 20 juillet 1971 relative aux sépultures s’impliquent selon leur niveau de responsabilité. Il s’agit de se pencher sur la lutte de pouvoirs et de perceptions des acteurs d’autorités publics : elle freine la mise en œuvre de la politique d’inhumation que nous analysons à la lumière du cadre légal. Les acteurs publics doivent satisfaire à une double exigence : celle du respect de la neutralité de l’État belge liés aux convictions religieuses ou philosophiques, tout en permettant le respect de la liberté de leurs pratiques. Ceci nous a conduit à la question de recherche à laquelle nous tentons de répondre : alors qu’il existe un cadre législatif commun dans le cadre des inhumations pour les communes bruxelloises, comment expliquer les différences locales de mises en œuvre. Pour réaliser ce travail, nous avons opté pour des entretiens menés auprès d’acteurs locaux de neuf communes bruxelloises ainsi que de l’Intercommunale d’inhumation de Schaerbeek. A partir d’un raisonnement inductif, et en nous basant sur le cadre théorique de l’action publique et du constructivisme, nous dégageons une analyse s’articulant autour plusieurs thématiques. Notre hypothèse selon laquelle la mise en œuvre de cette politique d’inhumation dépend de la perception que les autorités communales ont des réalités démographiques et sociologiques des territoires sur lesquels elles exercent leurs prérogatives est partiellement confirmée. Nous concluons sur une adaptation publique, graduelle et distincte à ce taux croissant de demandes en matière d’inhumation islamique dans ce contexte de pandémie. Tous les acteurs publics concernés n’y ont pas répondu de la même manière, mais il y a eu cette volonté d’apporter une réponse à géométrie variable.