Mémoire
Résumé : | La fin de la Guerre Froide et la dislocation de l’URSS ont vu éclater un certain nombre de conflits qui ont abouti à la création de quatre États de facto, des territoires sécessionnistes constitués sur le modèle juridique de l’État de jure mais ne disposant pas de reconnaissance internationale. Malgré la grande diversité des analyses empiriques développées par les chercheurs, les États de facto en tant qu'acteurs diplomatiques non reconnus sont restés théoriquement sous-étudiés. En parallèle, l’ouverture du champ diplomatique à d’autres acteurs, telle que la paradiplomatie pour les acteurs sub-étatiques, nous invite à nous distancer d’une définition étroite de la diplomatie, réduite au seul art de la négociation interétatique.Ce mémoire abordera une question de recherche qui vise à comprendre comment les États de facto du Caucase du Sud parviennent à développer une stratégie de politique extérieure, leur permettant d’exister et d’être reconnus sur la scène diplomatique internationale.J'examine le cadre théorique de la diplomatie comme stratégie de construction de légitimité externe par le rejet de la stigmatisation d’Andreas Pacher (2019) afin de comprendre comment les États de facto affirment leur identité d’État normal par le biais de la diplomatie. Je soutiens que les définitions de diplomatie et d’État au sens westphalien du terme sont aujourd’hui désuètes, facilitant ainsi une fenêtre d’opportunité qui pourrait être favorable aux États de facto. En outre, le processus de lutte pour l'obtention d’une reconnaissance sur l’échiquier international conduit les États de facto à développer leur diplomatie. J'examine en particulier l’utilisation des outils diplomatiques traditionnels par les États de facto en observant l’action des Ministères des Affaires Étrangères et en parallèle, le recours à d’autres biais diplomatiques, comme ceux proposés par les organisations internationales, les ONG transnationales, la diaspora et les médias.En utilisant une méthode qualitative et comparative, j’étudie les cas de l'Abkhazie, de l’Ossétie du Sud, et du Haut Karabagh. J’en conclue qu’au delà de la quasi-absence de reconnaissance, les États de facto génèrent une action diplomatique qui finit par rendre les frontières poreuses entre l’État de jure et l’État de facto, au sens de la définition de l’État fournie par la Convention de Montevideo. |