Mémoire
Résumé : | Le changement climatique ne pourra pas être jugulé sans une remise en question des valeurs de notre système économique véhiculées par le PIB et d’un changement radical paradigme de développement qui, à l’heure actuelle, est toujours centré sur la croissance économique. Cela devrait passer par un découplage des concepts de croissance économique et de développement, mais aussi par la cultivation d’un bien-être indépendant de la consommation. Une approche du développement centrée sur le bien-être offrirait l’opportunité de promouvoir et encourager des valeurs eudémoniques stimulant des rapports harmonieux avec les autres et avec l’environnement ainsi qu’un sentiment de responsabilité pour ce dernier. Le Bonheur National Brut et l’indice du même nom, développé au Bhoutan en 2008, représentent à cet effet l’une des premières initiatives officielles à grande ampleur de définition du bien-être collectif et individuel en tant qu’objectif principal du développement durable. Selon une approche qui se veut holistique, l’indice de BNB est composé de neuf piliers qui représentent à parts égales les dimensions économiques, sociales, environnementales et culturelle du développement tout en appropriant les valeurs altruistes défendues par le bouddhisme. Des similarités significatives entre ce courant et les philosophies hellénistiques ayant inspiré l’éthique environnementale moderne indiquent que la vision du BNB pourrait être compatible aux cultures occidentales. L’indice de BNB, bien qu’il offre un nouveau paradigme culturel et opérationnel de développement et de bien-être durables, souffre d’un certain nombre de défauts conceptuels et méthodologiques. Les plus notoires sont des références excessives à des pratiques et croyances culturelles spécifiques qui nuisent à sa pertinence et sa compatibilité avec d’autres cultures ainsi que l’inadéquation des critères actuels du pilier environnemental pour mesurer correctement les conditions et enjeux environnementaux. Malgré ses imperfections, l’indice de BNB constitue tout de même un pas en avant en comparaison au PIB. Qui plus est, l’imperfection ne doit pas systématiquement de prétexte pour refuser l’application d’un indicateur. Il ne serait possible pour aucun indicateur d’atteindre la perfection, particulièrement lorsqu’il s’agit de traiter la dimension de justice inhérente au développement durable. D’une manière ou d’une autre, il y aura toujours des éléments de la réalité qui ne seront pas correctement représentés : la nature synthétique des indicateurs de développement est par définition simplificatrice et réductrice des nuances et complexités du monde réel. Pour obtenir une image plus complète du développement d’une société, il faudrait plutôt décortiquer plus longuement les informations comprises dans un indicateur et idéalement les comparer à d’autres sources d’information qui traitent des données similaires. |