Résumé : Les arts aborigènes et du détroit de Torres sont étroitement liés à certains aspects fondamentaux du quotidien de ces peuples australiens : leurs us et coutumes, leur cosmologie, leur famille ou encore leurs Terres. Cet art est un vecteur de transmission culturelle, une manière de communiquer et de s’orienter dans leur Pays, mais il est aussi un moyen de revendication culturelle, politique et territoriale. Cette attache émotionnelle forte à leur production artistique, ainsi qu’un passé sociohistorique tourmenté par la colonisation, rend délicate la représentation de cet art dans les expositions. Pendant longtemps les musées n’ont pas laissé l’opportunité aux artistes de participer à la mise en contexte de leur production, ce qui a impliqué une représentation faussée des cultures aborigènes et du détroit de Torres. Néanmoins, on remarque que les politiques muséales australiennes s’attachent à décolonialiser non seulement la mise en scène des expositions en y incorporant la vision des artistes qui y exposent, mais également à rendre toute la stratégie muséale plus inclusive. Ce mémoire explore les nouvelles pratiques muséales collaboratives appliquées au sein des musées australiens et les impacts positifs considérables que ce type de collaborations peuvent avoir sur les artistes, leurs communautés et la perception du public sur celles-ci. L’étude de cas « Yiwarra Kuju : the Canning Stock Route exhibition », dont l’équipe était principalement composée de personnes aborigènes, permet de joindre la pratique à la théorie et d’avoir un aperçu de ce quoi à quoi peut ressembler la mise en application de ces pratiques dans la préparation et l’organisation d’une exposition. Et surtout, elle permet de faire émerger la manière dont les artistes et les communautés aborigènes conçoivent ces collaborations sous tous leurs aspects.