Résumé : Par des actions de désobéissance civile, par l’occupation de places publiques, de zones à défendre, ou de ronds-points, le mouvement social et la façon de mener l’action collective se transforment depuis une vingtaine d’années. En 2016, dans cette même lignée, émerge un mouvement novateur dans le paysage revendicatif français, Nuit Debout. Si ce dernier s’inspire fortement de mouvements qui l’ont précédé, et ne doit pas être pensé en totale indépendance avec les autres mouvements sociaux, son fonctionnement et son organisation semblent témoigner de nouvelles dynamiques de la contestation. Pour mieux comprendre ce mouvement, la question qui guide cette recherche s’intéresse aux moyens d’occupation de la place publique employés par les participants à Nuit Debout pour inverser les dynamiques de pouvoir symbolique entre citoyens et élites politiques. Nous émettons l’hypothèse selon laquelle l’usage libre et engagée de la parole citoyenne et de l’intelligence collective permet de renouveler voire de réinventer l’expérience démocratique dans l’espace public. L’objectif de ce travail est alors de comprendre les causes de la perte de ce pouvoir, les moyens de se le réapproprier, et de placer Nuit Debout dans un contexte plus global de fracture politique, sociale et économique grandissante en France.