Résumé : Ce mémoire investigue l’impact d’un Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC) du membre inférieur sur l’équilibre postural. La vibration tendineuse de courte durée appliquée aux tendons d’Achille a été utilisée pour perturber les afférences proprioceptives en provenance des membres inférieurs. L’hypothèse était que les patients atteints d’un SDRC devraient avoir une moindre réponse posturale à la vibration du fait d’une altération de la proprioception liée à la pathologie.L’étude porte sur 12 participants SDRC et 12 participants asymptomatiques appariés selon des critères de sexe, âge, poids et taille. L’âge moyen dans chaque groupe est de 48,7 ± 13,0 ans et 48,5 ± 13,3 ans respectivement. Le diagnostic du SDRC a été effectué grâce aux critères de Budapest. L’intensité de la pathologie a été évalué à partir du Score de Sévérité (SSC). La douleur a été évaluée grâce à une échelle visuelle analogique et un questionnaire d’évaluation des douleurs neuropathiques (NPSI). Les sujets SDRC et sains ont suivi le même protocole qui consistait à mesurer des paramètres d’équilibre et l’activité des muscles tibial antérieur, gastrocnémien médial et soléaire dans les conditions yeux ouverts, yeux fermés et yeux fermés avec vibration tendineuse de courte durée, ainsi que la force maximale en flexion plantaire et dorsale de cheville. Le SSC moyen est de 7,7 ± 2,5, et le score NPSI moyen de 35,5 ± 22,0. Ces deux paramètres sont hautement corrélés (rho=0,783). Les yeux sont fermés, les sujets SDRC présentent un déplacement plus important du centre de pression (CdP) comparativement aux sujets sains (p=0,016). Comparativement aux participants sains, le déplacement médio-latéral du CdP est plus important chez les sujets SDRC lorsque les yeux sont ouverts (p=0,034), et cette différence augmente davantage lorsque les yeux sont fermés (p=0,019). Une corrélation entre le temps de stabilisation, correspondant au temps nécessaire pour revenir en position d’équilibre après vibration, et le SSC a été mise en évidence (rho=0,673). En ce qui concerne la force maximale des fléchisseurs plantaires, elle est inférieure en flexion plantaire chez les sujets SDRC, et est très hautement corrélée au score total obtenu au NPSI (rho= -0,872)Il existe des différences significatives entre les paramètres d’équilibre des sujets sains et des sujets SDRC. Ces résultats montrent notamment une dépendance accrue aux afférences visuelles pour le contrôle de l’équilibre ainsi qu’une stratégie posturale différente chez les sujets SDRC.