Mémoire
Résumé : | Depuis quelques décennies, les deux espèces de chrysomèles Gonioctena intermedia et Gonioctena quinquepunctata, toutes deux appartenant au genre Gonioctena font l’objet d’études de spéciation. Leur divergence récente, leur ressemblance morphologique, ainsi que leur distribution se chevauchant partiellement le long du massif alpin soulèvent en effet de nombreuses questions sur les événements évolutifs passés et présents entre ces deux espèces. Lors de l’étude génétique de populations françaises et autrichiennes de ces chrysomèles, une introgression unidirectionnelle du matériel génétique (principalement mitochondrial) a été détectée, allant de G. quinquepunctata vers G. intermedia. Un hybride de troisième génération issu d’un croisement entre ces deux espèces a également été découvert durant cette étude, questionnant ainsi la perméabilité des barrières reproductives entre celles-ci.Sur base du génotypage du gène EF1- d’individus sur plusieurs localités alpines, notre étude présente de nouveaux éléments quant à la distribution générale des deux espèces au niveau du massif montagneux, indiquant une division géographique nord-sud. Cette analyse a également permis de découvrir deux hybrides potentiels en Autriche. Ensuite, la fréquence de l’introgression du gène mitochondrial COI (cytochrome c oxydase) chez les individus G. intermedia des Alpes a été estimée sur bases d’une analyse des séquences de ce gène, et se révèle être potentiellement conséquente (à hauteur de 15%). Enfin, la distribution de cette introgression présentant un caractère asymétrique, une hypothèse de colonisation de G. intermedia des territoires précédemment occupés uniquement par G. quinquepunctata est proposée.De nombreux aspects sont encore à étudier afin de décrire plus précisément la spéciation entre G. intermedia et G. quinquepunctata, tels que les limites des barrières reproductives présentes chez ces deux espèces, les capacités de dispersion des celles-ci, ainsi que l’histoire colonisatrice de G. intermedia. Un échantillonnage plus conséquent des zones présentant de l’introgression serait intéressant afin de mieux quantifier cette dernière, ainsi que de détecter de nouveaux hybrides permettant d’amener des réponses sur les interactions interspécifiques entre les deux espèces. |