Résumé : Peu étudiée dans le monde universitaire francophone, la pensée du philosophe et juriste américain Gary L. Francione a eu – et a toujours – un impact de premier ordre sur l’éthique animale contemporaine. Par la présente étude, nous souhaitons en proposer une introduction critique centrée sur la notion de sentience, laquelle est présentée par Francione comme le critère minimal de considération morale. Créée dans les années 1970, cette notion désignant initialement la conscience de la douleur a reçu de nombreuses définitions ces dernières décennies. La grande majorité de ces définitions a été développée dans le cadre de recherches philosophiques et scientifiques directement ou indirectement liées à celui d'une réflexion morale portant sur le statut des animaux. Si la définition de la sentience de Francione, formulée dans le courant de la fin des années 1990 et du début des années 2000, désigne principalement la conscience de la douleur, celle-ci présente la particularité de lier cette faculté à la perception d'un « soi » ou d'un « moi » qui souffre. Le fil conducteur critique de notre travail concerne les différents arguments mobilisés par Francione pour défendre l'existence de cette forme de conscience de soi chez l'ensemble des animaux sentients et vise à exposer l'impact problématique de cette position sur son système moral.