Résumé : En vue de maintenir la hausse des températures bien au-dessous de 2,0°C, comme stipulé dans l’Accord de Paris sur le climat, tous les secteurs de l’économie mondiale ont un rôle à jouer. Dans ce cadre, la révolution (ou transition) énergétique, qui vise à réduire l’impact carbone du secteur énergétique, est cruciale. La tâche qu’il reste à accomplir est monumentale et ne sera pas exempte d’impacts, car elle repose sur une série de nouveaux dispositifs qui consomment des ressources minérales. Parmi ceux-ci, les systèmes PV occupent une place centrale. Dans le cadre de ce travail, plusieurs éléments ont été investigués afin d’établir quelle pression la demande en ressources minérales nécessaires au déploiement de systèmes PV imposerait aux réserves et ressources ultimes correspondantes, et si des compétitions pouvaient survenir avec les autres applications consommatrices de ces mêmes ressources minérales.Pour ce faire, trois scénarios de développement du marché du solaire PV ont tout d’abord été définis. Ils ont été choisis car ils représentent des trajectoires plausibles, à différents niveaux de difficulté, dans une optique de révolution énergétique. Des recherches et une modélisation minutieuse ont ensuite permis d’inventorier et quantifier la demande actuelle et future en ressources minérales due aux systèmes PV, basés sur diverses technologies de cellules PV matures et émergentes, et pour diverses configurations. Seize de ces ressources minérales ont ensuite été sélectionnées. Pour chacune d’entre elles, la demande globale et la part due au déploiement de systèmes PV ont été évaluées, de 2019 à 2050. Cela s’est fait notamment en établissant des hypothèses sur les parts de marché annuelles des différents types de systèmes PV définis. La demande cumulée 2020-2050 pour les différentes ressources minérales a ensuite été confrontée aux niveaux de réserves et ressources ultimes tels qu’évalués en 2019. Les niveaux estimés de demande annuelle ont quant à eux été comparés aux estimations futures de la production primaire, celles-ci ayant été modélisées sur base de la théorie du pic de Hubbert. Les taux de recyclage annuels requis pour combler les écarts entre demande et production primaire annuelles ont aussi été calculés, dans le but de mesurer la contribution éventuellement nécessaire de la production secondaire. Enfin, une mise en regard multicritères utilisant ces informations a permis d’évaluer le niveau de risque de compétition pour chaque ressource minérale et de le résumer en un indicateur. La responsabilité du déploiement de systèmes PV dans ces possibles compétitions a aussi été discutée.Il a pu être déduit de l’analyse que de nombreuses ressources minérales utilisées pour fabriquer les systèmes solaires PV présentent des risques importants de voir des compétitions apparaître dans les décennies futures. Cependant, aucune tendance générale ne se dégage et aucun lien évident n’existe entre risque élevé de compétition et pression exercée par le secteur PV. Dans une vaste majorité des cas, il n’y a pas de situation où, à lui seul, le déploiement à grande échelle des systèmes PV semble faire pencher la balance et déclencher des compétitions. Globalement, malgré les contraintes identifiées, les deux premiers scénarios de développement du marché PV semblent faisables, certes non sans difficultés. Le passage à une « Transition totale », impératif pour maximiser les chances de rester bien au-dessous de la barre des 2,0°C à l’horizon 2100, apparaît par contre comme un défi d’une toute autre ampleur.