Mémoire
| Résumé : | L’ambition de ce travail universitaire est d’appréhender l’outil artistique comme moyen de lutte politique et plus particulièrement féministe. Cela nécessite de comprendre les discriminations à l’œuvre dans la scène masculine des arts urbains et les stratégies déployées par les artistes femmes pour faire entendre leur voix. Le sexisme est ici considéré comme une conséquence inhérente au système patriarcal, n’étant pas spécifique à cet univers artistique mais s’exerçant dans l’ensemble de la société. Nous nous focaliserons sur les représentations de l’engagement au travers des trajectoires individuelles d’une quinzaine d’artistes tunisiennes de sexe féminin. Leurs pratiques s’inscrivent dans les arts urbains regroupant plusieurs disciplines dont le graffiti, le slam et le rap. Cette scène, qui a émergé au moment de la révolution, est populaire auprès des jeunes mais comprend relativement peu d’artistes et une minorité de femmes, environ vingt-cinq contre une centaine pour les hommes. La recherche s’appuie sur une enquête de terrain qualitative de deux mois, principalement réalisée à Tunis. Elle est ancrée dans un contexte post révolutionnaire de libéralisation de la parole et de redéfinition des mouvements féministes. Nous nous appuyons sur la théorie des mouvements sociaux développé par Olivier Fillieule et Érik Neveu ainsi que sur des travaux de sociologie de l’engagement appliqués au domaine créatif et à la question du genre. Par ailleurs, l’originalité de ce travail réside dans l’articulation des thématiques du hip-hop et du féminisme en Tunisie. Bien qu’il existe une littérature scientifique propre à chacun de ces objets d’étude, l’état de l’art souligne le manque de recherche à ce sujet. Notre problématique est axée sur les liens existants entre engagement artistique et politique dans les parcours sociologiques des artistes. Le développement est structuré autour de trois parties portant respectivement sur les facteurs sociologiques de l’engagement, le contenu artistique et les caractéristiques de l’activisme féministe. |
