Résumé : La présente recherche se porte sur le développement des menaces sécuritaire au Conseil de sécurité des Nations Unies et les effets des positions antagonistes des États-Unis et de la Russie sur ce type de changement. Elle se concentre plus particulièrement sur ce qui a conduit une crise politique interne en Syrie, découlant du Printemps arabe, à être perçus en tant que menace sécuritaire. L’objectif de cette recherche est donc de répondre à la question : Comment le conflit syrien a-t-il été transformé en menace sécuritaire au Conseil de Sécurité par les États-Unis et la Russie, selon des perspectives respectivement différentes ? Pour ce faire, le cadre d’analyse de la Théorie de la Sécuritisation, provenant de l’École de Copenhague, fut utilisé pour étudier 110 retranscriptions des séances du CS, rassemblant les discours de la Russie et des États-Unis sur le conflit syrien, de la première mention en 2011 au début de cette analyse en 2018. Grâce à cette théorie, une grille d’analyse fut développée et appliquée à l’ensemble des 110 discours prononcés par chacun des deux États et permit de faire ressortir des concepts clés : l’objet de référent de la sécurité, la source de la menace, le type de la menace, la réponse de l’interlocuteur et l’existence d’une désécuritisation. Par la suite, les données recueillies grâce à ses concepts, ont permis d’identifier de quelles manières sur la période de 8 années, les États-Unis et la Russie ont transformé progressivement la perception du conflit syrien en menace sécuritaire au CS. Chaque État s’étant positionné en faveur d’un parti au sein du conflit, il fut possible d’observer la mise en place respective de processus de sécurisation dans leur discours, reflétant ainsi des intérêts stratégiques. D’un côté, les États-Unis en ayant recours à 5 phases de sécuritisations, centré autour de la population syrienne, sont parvenus à présenter, le Gouvernement syrien, ses alliés et les organisations terroristes comme des dangers existentiels, forçant transformant par le fait même l’image associée au conflit syrien. D’un autre côté, la Russie en tant de protéger le Gouvernement syrien, a produit 4 phases de sécuritisation dans ses discours au CS, dans lesquels elle s’est attaquée à présenter l’opposition armée, les groupes terroristes et les acteurs extérieurs aux conflits comme menaçant la survie de l’État syrien. Elle aussi s’est donc retrouvée à modifier l’importance accordée à la situation syrienne au CS. En résumé, cette étude permet de mettre en lumière la façon dont les États-Unis et la Russie, au travers de leur opposition politique sur le conflit syrien ont eu recours à des processus de sécuritisation comprenant différentes phases, qui ont mené à la transformation de la perception du conflit syrien, d’une crise politique interne en menace pour la paix et la stabilité aux regards des Membres du Conseil de Sécurité des Nations Unies.