Mémoire
Résumé : | Ce travail porte sur l’accès aux soins de santé des personnes demandant la protection internationale, ou demandeurs d’asile, en Belgique. L’importance des politiques migratoires peut se mesurer au nombre élevé de débats médiatiques abordant ce sujet. Alors que ces débats portent essentiellement sur des questions d’intégration et de flux de nouveaux arrivants, peu d’attention est portée sur l’accès à la santé des migrants ou des demandeurs d’asile en Belgique. Pourtant, selon l’Organisme Mondial de la Santé (OMS), la santé est un droit humain fondamental qui, malheureusement, voit son accessibilité restreinte pour les personnes demandant la protection internationale (Dauvin et al. 2010). C’est dans ce contexte que nous nous intéressons à l'interaction entre politique migratoire et politique de santé et comment celle-ci impacterait l'accès aux soins des demandeurs d’asile. Afin d’investiguer l’impact des politiques et leur implémentation sur l’accès aux soins de santé en Belgique, cette étude est divisée en deux étapes. Une partie théorique, dans laquelle sera présentée une analyse du cadre légal des politiques migratoires et de santé publique. Ainsi qu’une partie pratique fondée sur des entretiens qualitatifs conduits auprès d’acteurs de terrain de différentes institutions. Les résultats de cette étude mettent en lumière les défis quant à l’implémentation de politiques liées à l’assurance d’accès aux soins de santé des demandeurs d’asile. Dans une approche systémique, notre étude de terrain relève des problèmes d’accès aux soins pour les demandeurs d’asile provenant principalement de vides juridiques dans les politiques migratoires (Hypothèse 1), de dissonances entre politiques migratoires et de santé (Hypothèses 2) et de structures d’implémentation des politiques bureaucratisées (Hypothèse 3). En pratique, cela se traduit par un manque d’accès à l’information, une disparité de traitement selon le lieu d’accueil, un manque de suivi, et d’autres difficultés comme les défis liés au changement de centre d’accueil ou de CPAS. Ces situations difficiles au niveau systémique peuvent être accentuées par les barrières culturelles, linguistiques et financières que peuvent rencontrer les demandeurs d’asile.Enfin, la fin de cette étude met en avant des pistes de solutions face à cette situation. Les politiques mises en place auraient besoin d’une perspective globale et intersectorielle afin de répondre aux besoins en santé des demandeurs d’asile. Ces politiques devraient être complétées par une implémentation effective et rattachée à la réalité du terrain. Un dernier postulat porterait sur des procédures administratives adaptées et allégées, empêchant que celles-ci mêmes deviennent des barrières structurelles à l’accès aux soins de santé. |