Communication à un colloque
Résumé : La clinique de l’obésité pédiatrique reconnaît aujourd’hui une large place aux facteurs psychologiques dans le développement et le maintien de cette pathologie. Néanmoins, peu de recherches se sont attachées à la compréhension de la fonction de cette obésité dans la dynamique psychique du patient. Les premiers auteurs qui se sont intéressés à la question ont postulé que l’obésité doit se considérer en tant que garant d’une image du corps unifiée face à des limites diffuses du moi. Afin de considérer cette question mais surtout de l’expérimenter, nous avons mis en place une étude longitudinale d’un an centrée sur la question de la représentation et de l’image du corps chez le jeune sujet souffrant d’obésité sévère avant et après une perte de poids. Pour ce faire, nous avons administré un Rorschach, le Q.I.C. Bruchon-Schweitzer et un dessin de soi en grandeur réelle à 24 adolescents souffrant d’obésité sévère en début et en fin de traitement. Ces données ont été comparées à une population contrôle d’adolescents tout venant ne souffrant pas d’obésité. Nos résultats ont mis en évidence la présence chez le jeune sujet sévèrement obèse de troubles de l’image du corps avec une image de soi incertaine, indifférenciée, aux limites diffuses qui ne se modifient pas avec la perte de poids. La perte de poids, au contraire, vient réveiller des fragilités jusqu’ici maintenue à bas bruit. En effet, la perte pondérale se voit accompagner de l’apparition de plus de contenus détériorés au Rorschach comme si l’image du corps s’était, au contraire, vue fragilisée par la perte pondérale. Nous postulons, face à ces résultats, que l’obésité s’inscrirait en tant que garant concret face à une image du corps peu unifiée. On pourrait parler de l’acquisition au travers de l’obésité d’une peau propre, forgée de toutes pièces par le sujet.