Résumé : Introduction : La prévalence de l’obésité pédiatrique ne cesse de croître dans la plupart des pays. Avec son accroissement, c’est également la sévérité de l’obésité pédiatrique qui s’accentue. Faute est cependant de constater que les déterminants psychologiques de cette problématique, bien que reconnus, restent difficiles à évaluer. Face au nombre important d’adolescents souffrant d’obésité sévère en recherche de traitement et à l’échec de leur démarche, cette étude consiste en une analyse factorielle des éléments psychologiques et psychopathologiques associés à la sévérité de l’obésité mais également des éléments qui déterminent le succès de sa prise en charge. Méthode : Cette étude porte sur 125 adolescents âgés de 12 à 18 ans souffrant d’obésité de grade 2 hospitalisés pour une perte pondérale à l’Unité Diététique du Centre Médical Pédiatrique Clairs-Vallons en Belgique pour une durée de un an. L’évaluation consiste en un diagnostic psychopathologique de type CFTMEA-R-2000 incluant les facteurs traumatiques antérieurs, la considération des données liées au poids et son évolution durant une année ainsi qu’une évaluation qualitative de la compliance. Ces données ont été soumises au programme statistique SPADN pour effectuer une analyse des correspondances multiples. Résultats : Nos résultats ont mis en évidence qu’une plus grande sévérité de l’obésité s’associe à des facteurs d’environnement familiaux pathologiques (troubles mentaux dans la famille, carences, maltraitance) et à la présence d'un plus grand nombre de diagnostic psychopathologique. De plus, ces mêmes caractéristiques sont associées avec une compliance familiale et individuelle moins importantes alors que la perte de poids à court terme est plus importante dans les obésités sévères. Parallèlement, une obésité moins sévère et une meilleure compliance au traitement sont associées à une absence de diagnostic psychopathologique et à une absence de facteurs d’environnement familial pathologique. Conclusion : Dans notre population, les facteurs psychologiques et psychopathologiques s’associent à une obésité plus sévère et à une moins bonne compliance au traitement tant au niveau individuel que familial. L’obésité pourrait alors se concevoir comme ayant une fonction adaptative que les sujets auraient trouvé face aux expériences familiales traumatiques vécues. Par contre, on observe que la perte de poids durant l’hospitalisation est plus importante que chez les sujets avec une obésité moins importante probablement en lien avec l’éloignement familial et la distance prise par rapport aux éléments traumatiques présents dans ces familles. L’éloignement familial serait donc indispensable à la prise en charge de ces adolescents mais nous interroge sur la prise en charge à long terme après l’hospitalisation. En effet, si l’obésité a une fonction adaptative, la perte pondérale aurait alors des implications psychologiques plus profondes rendant sa prise en charge et son évolution plus complexes.