par Rosenfeld, Martin
Référence Nouvelles dynamiques migratoires : activités régulières et irrégulières sur le marché du travail européen (6-8/12/2007: Université Nice Sophia Antipolis, Nice)
Publication Non publié, 2007-12-06
Communication à un colloque
Résumé : Cette contribution s’attache à présenter le fonctionnement du commerce de voitures d’occasion tel qu’il se pratique entre la Belgique et l’Afrique. Cette contribution se situe ainsi dans le champ des activités illégales, ou exercées illégalement, proposé dans ce colloque. Chaque année, entre 3 et 4 millions de voitures d’occasion sont exportées d’Europe vers l’Afrique. Le quart de ce commerce – soit 1.000.000 de voitures par an – passe par le port d’Anvers. C’est pourtant à Bruxelles, le long du canal dans le quartier de Cureghem, que s’effectue la majeure partie de l’achat, la revente et la préparation de ces voitures. Se trouve ainsi rassemblé sur quelques rues tout un marché réunissant des transporteurs de voitures d’occasions (en provenance essentiellement de France et d’Allemagne), des acheteurs directement débarqués des principales capitales africaines, des dizaines de garages ainsi qu’une série de commerces de biens en tout genre destinés au fret. Une grande partie de ce commerce s’effectue en marge de la légalité avec une part belle laissée au marché informel. Notamment pour l’achat et la revente des véhicules qui se fait à même la rue. Ce terrain d’étude nous semble particulièrement intéressant du fait que la circulation migratoire prend, dans ce secteur, une dimension particulière. Il apparaît en effet que c’est en marge de la circulation des voitures d’occasions que s’est développé la circulation des migrants. La grande majorité des personnes actives dans ce secteur sont des migrants arrivés en Belgique en vue de pratiquer ce commerce. Certains ont pu s’installer et possèdent aujourd’hui d’importants garages. La plupart cependant sont des ressortissants des principales capitales africaines venus pour quelques mois sans permis de séjour afin de rassembler un lot de voitures à exporter. Pour eux, l’activité économique se pratique de façon informelle à même la rue. Cette circulation migratoire se caractérise également par une activité que nous qualifions de glocale en ce sens qu’il s’agit d’une activité économique à l’échelle globale mais extrêmement ancrée dans le local. Tout ce secteur économique est en effet concentré sur quelques rues d’un même quartier. Les garages n’occupant que les rez-de-chaussée, un nombre important de bâtiments ont été aménagés en logements sommaires dans lesquels les migrants sans permis de séjour sont logés. Les populations occupées dans ce secteur d’activité vivent dès lors dans un micro quartier entretenant très peu de contact avec le reste de la ville.