par Close, Caroline
Référence Congrès international des associations francophones de science politique. ST11. « Être partisan. Loyauté, prise de parole et défection dans les partis politiques » (4ème: 20-21-22 avril 2011: Bruxelles, ULB)
Publication Non publié, 2011-04-21
Communication à un colloque
Résumé : Si la science politique s’est abondamment intéressée aux phénomènes de compétition entre partis politiques, très peu d’analyses se sont focalisées sur ce qu’il se passe à l’interne des organisations partisanes. Or, comme toute organisation, les partis ne sont pas des structures monolithiques et unitaires. Ce sont des systèmes politiques miniatures (Eldersveld 1964) traversés par des tensions, des mouvements, des pressions qui peuvent résulter en la création de groupes intra-partisans (Boucek 2009 : 55). Ces groupes, pour peu qu’ils soient structurés, constituent des factions. Bien que phénomène formel ou informel répandu, l’étude du factionnalisme est un champ à ce jour délaissé dans la littérature, notamment parce que le concept charrie des connotations négatives (Belloni & Beller 1976). Ce manque d’intérêt est cependant d’autant plus paradoxal que les partis politiques constituent les acteurs dominants dans l’arène politique et dans le jeu démocratique. Dès lors, décrypter les logiques intra-partisanes menant à la constitution de factions, et analyser leur mécanisme de fonctionnement, est d’une importance capitale voire un pré-requis à l’analyse des partis comme acteurs dans le système politique. L’objectif de cette contribution est d’examiner les relations que les membres de chaque sous-entité ou faction entretiennent avec l’organisation à laquelle ils appartiennent. Pour ce faire, nous allons aborder l’étude de ces « sous-groupes partisans » sous l’angle de la trilogie proposée par Hirschman (1970). L’objectif est d’ouvrir de nouvelles perspectives, tant sur les concepts développés par l’économiste que sur les logiques à l’œuvre au sein des partis politiques. Notre postulat de départ - émis par Hirschman lui-même (1970 : 1)- repose sur l’idée selon laquelle les concepts de cette trilogie, loin de s’appliquer uniquement au monde économique, peuvent rendre compte de phénomènes propres à toute forme d’organisation humaine, telle une nation, un parti ou, ce qui nous intéressera ici, une faction. Plus particulièrement, nous allons nous concentrer sur le concept de loyauté, concept largement ignoré de la trilogie (Laroche 2001). Le concept est très largement utilisé au singulier. On parle de loyauté à l’organisation, au parti. Cependant, si l’on soutient que les partis politiques peuvent être observés comme des systèmes politiques miniatures parcourus par des courants, tensions et pressions diverses, il est légitime de présupposer l’existence de plusieurs loyautés (loyauté au parti, loyauté à une faction, à un sous-groupe) et de s’interroger sur la manière dont s’expriment et sont vécues ces différentes loyautés. La loyauté à une faction est-elle complémentaire ou concurrente à la loyauté envers le parti ? Existe-il une « hiérarchie » des allégeances: les adhérents de partis se considèrent-ils loyaux d’abord à une faction, ensuite au parti ? Ou se revendiquent-ils d’abord loyaux envers le parti avant de l’être vis-à-vis de la faction à laquelle ils se sentent appartenir ? Tels sont les questions auxquelles notre contribution ambitionne de répondre. Pour ce faire, nous nous appuyons sur le concept de loyauté « consciente » ; une loyauté non pas collectivement construite mais individuellement vécue et revendiquée, observée sous des perspectives microsociologiques. Dès lors, au point de vue empirique, nous mobilisons des données issues d’une enquête menée auprès des adhérents du Parti socialiste belge en 2010.