par Deligne, Chloé
Référence Brepols, Turnhout, Ed. 1
Publication Publié, 2003
Ouvrage auteur unique
Résumé : Le contrôle et le partage de l'eau sont d'importants outils du pouvoir, qu'il s'agisse d'orienter le développement d'une ville, de maîtriser certaines activités ou de soutenir la stabilisation des populations. L'étude de la gestion de l'eau, trop souvent oubliée des grandes synthèses historiques, mérite un regard approfondi, tant elle éclaire d'un jour nouveau l'histoire de nos villes. Cet ouvrage dans lequel la Senne, rivière de Bruxelles, sert de fil conducteur à un périple historique renouvelé, entraîne le lecteur depuis le bassin des fontaines, jusqu'à la roue de nombreux moulins de la région, et montre que, quelles que soient l'époque et l'échelle spatiale concernées, la maîtrise de l'eau a été au coeur de logiques territoriales dont nous sommes encore les héritiers.
A l'échelle du Brabant, le prince veilla dès le 12e siècle à maximiser le potentiel économique de la Senne. Il cadenassa la rivière à l'amont de Bruxelles et établit plusieurs moulins en son coeur. A l'échelle de l'hinterland bruxellois, les capitaux urbains valorisèrent les moindres affluents durant tout le Moyen Age par l'établissement de longs chapelets d'étangs de pisciculture et d'innombrables moulins, tandis qu'au 16e siècle, le creusement du canal de Willebroek consacra l'emprise de la cité bien au-delà de ses murs. Enfin, à l'intérieur de la ville, la géographie de la distribution de l'eau quotidienne traduisait bien l'emprise des différents pouvoirs urbains. Les grandes familles bruxelloises contrôlaient les premiers points d'eau dispersés dans les quartiers urbanisés, les autorités communales étalaient la magnificence de la ville dans un réseau de fontaines d'apparat érigées aux points névralgiques de la cité, tandis qu'au 17e siècle, la Cour développait son propre réseau au départ de la machine hydraulique de Saint-Josse-ten-Noode.
Ces aménagements hydrauliques provoquaient bien souvent des réactions imprévues dans le milieu. Inondations, tarissements, ensablement, etc. venaient régulièrement contrecarrer les désirs des gestionnaires, entraînés malgré eux dans de nouveaux cycles d'interventions. Ce livre, richement illustré, montre que les dynamiques environnementales participent pleinement à la construction des rapports socio-économiques, souvent conflictuels, qui se nouent autour de la gestion de l'eau.